Les rêves n'ont pas de titre...
On prend le large pour ce dernier Caviar pour tous, Champagne pour les autres de la saison avec des invités qui vont nous emmener à Venise, à Londres, aux Caraïbes et autres contrées latino-américaines, sans oublier l'Algérie qui va célébrer le 5 juillet prochain le 60e anniversaire de son indépendance... Une émission qu'on pourrait baptiser "les rêves n'ont pas de titre", en référence à l'intitulé magnifique d'une installation conçue pour le Pavillon français de la 59eme biennale d'art contemporain de Venise.
Crédits photo: Kamel Mennour, D.R
Cette installation qui prend notamment appui sur l'univers du cinéma, elle est signée Zineb Sedira, artiste et vidéaste britannique d'origine franco-algérienne. C'est elle qui représente donc la France à cette biennale dont le coup d'envoi a été donné en avril avec déjà à la clé une "mention spéciale" du jury pour son travail. Nous sommes très heureux de l'accueillir et de la faire connaître à nos auditrices et auditeurs, d'autant que dans le parcours et l'imaginaire passionnant de Zineb Sedira, le jazz occupe une certaine place.
Crédits photo: Nadia Tarra
Pour lui aussi, peut-être, les rêves n'ont pas de titre... Le rêve, en l'occurrence, d'un nouveau folklore universel enrobé de sonorités latino-américaines avec peut-être aussi un zeste d'Orient. Le guitariste suisse Louis Matuté, qui est de père hondurien et de mère allemande, a sorti au mois de mars un album en sextette remarqué, Our Folklore, qu'on continue à écouter en boucle au sein de l'équipe de TSFJAZZ... Un disque qui aborde notamment cette question très intéressante: sommes-nous destinés à ne jouer que de la musique qui nous appartient culturellement et géographiquement parlant, ou alors peut-on au contraire faire trait d'union entre différents tropiques même si on a d'abord été repéré musicalement sur les bords du lac Léman et qu'on s'apprête par ailleurs à jouer au Montreux Jazz Festival le 4 juillet prochain ainsi qu'à Jazz à Vienne deux jours plus tard ?
Crédits photo: Mike Ibrahim
Notre 3e invité, enfin, aborde sans le moindre complexe ce trait d'union, ces passerelles et cette envie de faire dialogue entre différentes cultures. Après un premier album-choc, Washah !, puis l'aventure du BigIn Jazz Collective qui rassemble la crème du nouveau jazz caribéen et qu'on va retrouver au TSFJAZZ Chantilly Festival le 3 juillet prochain, le pianiste d'origine martiniquaise Maher Beauroy vient de sortir son nouvel album, Insula. Ce voyage musical entre le Maghreb et les Antilles est dédié à Frantz Fanon, l'auteur anticolonial des Damnés de la terre et de Peau noire, masques blancs, considéré comme un héros national en Algérie alors qu'il était natif de Martinique. Ce disque où résonnent les textes de Fanon, Maher Beauroy l'a imaginé avec le musicologue Redha Benabdallah qui joue ici de la mandole, un instrument à cordes d'origine algérienne. On peut aussi entendre dans cet album Sélène Saint-Aimé à la contrebasse et au chant, ainsi que le joueur de oud Qaïs Saadi.