Centenaire de Sarah Vaughan : l'Abécédaire - Partie 4, P-T
Née à Newark le 27 mars 1924, Sarah Vaughan aurait eu 100 ans cette année. TSFJAZZ célèbre à la fois une voix et une femme qui ont marqué le jazz moderne à travers un abécédaire qui retrace le parcours de celle qu'on surnommait Sassy, ou encore La Divine ..
P comme Parapluies de Cherbourg. Du célèbre film de Jacques Demy et de sa non moins célèbre B.O. signée Michel Legrand, Sarah Vaughan n'allait pas manquer de reprendre le grand standard, Watch What Happens, adapté du Récit de Cassard dans Les Parapluies de Cherbourg. La chanson ne figure pas, pourtant, dans la première collaboration en 1972 entre Sarah Vaughan et Michel Legrand. On la retrouve en revanche un an plus tard dans un Live in Japan d'anthologie. Pour la petite histoire, le premier contact en 1962 entre la chanteuse et le compositeur fut assez gratiné, Legrand n'hésitant pas à balancer par la fenêtre d'une voiture un peu de marijuana que la chanteuse lui tendait en toute complicité. Après la réconciliation, Michel Legrand écrira dans son autobiographie: "L'affaire du joint est bel et bien oubliée, c'était un pétard mouillé ".
Q comme Quincy Jones. C'est à Paris, en 1958, que Sarah Vaughan fait la rencontre de Quincy Jones, qui a étudié l'orchestration classique auprès de Nadia Boulanger avant de rejoindre comme arrangeur en chef Eddie Barclay, le correspondant en France de Mercury. C'est à ce titre que le trompettiste va diriger une session toute en jazz et en cordes autour de Sarah Vaughan. Ces séances, qui donnent naissance à l'album Vaughan & Violons, intègrent aussi le ténor Zoot Simstrong>s, les contrebassistes Richard Davis et Pierre Michelot, ainsi que le batteur Kenny Clarke. C'est à cette occasion que Sarah Vaughan signe une version vocale du Misty d'Erroll Garner qui deviendra un classique de son répertoire. Quincy Jones, encore lui, la fera revenir chez Mercury après une brève parenthèse sur le label Roulette, avec à la clé le fameux live de 1963 au Tivoli de Copenhague.
R comme Rio. Sarah Vaughan a eu un véritable coup de foudre pour le Brésil. C'est lors de sa troisième tournée dans ce pays, en 1977, que le cinéaste Thomas Guy la suit pour le documentaire Listen to the Sun. Devant sa caméra, elle affirme que "Rio est le plus bel endroit qu'elle pense avoir jamais visité sur terre." Le label Atlantic refuse pourtant de produire un album brésilien qu'elle a notamment enregistré avec Milton Nascimento, Dorival Caymmi et Antonio Carlos Jobim. I Love Brazil ! sortira finalement sur Pablo, le nouveau label de Norman Granz, qui a notamment dirigé la carrière d'Ella Fitzgerald. Sarah Vaughan signera par la suite deux autres disques brésiliens, Copacabana en 1977 et Brazilian Romance en 1987, son ultime album sous son nom, même si elle a ensuite contribué à Back on the Block, de Quincy Jones.
S comme Sassy Swings the Tivoli. "Je ne l'ai jamais vu aussi libre et joyeuse", dira Quincy Jones, producteur pour le label Mercury de cet album live qui a marqué une sorte de quintessence pour Sarah Vaughan à l'orée de la quarantaine. Sassy Swings the Tivoli reprend les concerts qu'a donnés Sarah Vaughan pendant quatre jours, en juillet 1963, dans les jardins du Tivoli, à Copenhague. Est-ce la beauté des lieux qui l'inspire ? Devant le public danois, la chanteuse est à la fois radieuse et ensorcelante, elle alterne les tempos, scatte à merveille, plaisante avec son public et ses musiciens: Kirk Stuart au piano, Charles Williams à la contrebasse, George Hugues à la batterie. Comme l'a écrit le journaliste de jazz Pierre de Chocqueuse, après un tel concert, les nuits de Copenhague ne seront plus tout à fait les mêmes.
T comme Tenderly. Comme le disait autrefois notre ami Bruno Guermonprez dans l'émission 59, Quai des Archives sur TSFJAZZ, la ballade aura toujours été le "pré carré" de Sarah Vaughan. Elle a ainsi été en 1947 la première interprète de Tenderly, une valse composée un an auparavant par Walter Gross sur des paroles de Jack Lawrence. Contrairement à ce que craignaient au départ ses producteurs qui considéraient cette ballade comme médiocre, Tenderly sera l'un des premiers grands succès de Sarah Vaughan sur le label Musicraft, et le morceau deviendra également plus tard un standard du Latin Jazz. La chanteuse le réenregistrera en 1958. Elle en donnera aussi une version d'anthologie dans son fameux concert de Tivoli à Copenhague, en 1963.