Emissions Spéciales

l'équipe TSFJAZZ
Mardi 26 mars 2024 | 06:00 - 11:59

Centenaire de Sarah Vaughan : l'Abécédaire - Partie 2, F-J

Née à Newark le 27 mars 1924, Sarah Vaughan aurait eu 100 ans cette année. TSFJAZZ célèbre à la fois une voix et une femme qui ont marqué le jazz moderne à travers un abécédaire qui retrace le parcours de celle qu'on surnommait Sassy, ou encore La Divine ..

F comme Féminisme. Sarah Vaughan a été au cœur de deux biographies aux États-Unis, dont l'une, parue en 2018 sous le titre Queen of Bebop: The Musical Lives of Sarah Vaughan, a privilégié une lecture résolument féministe, et plus précisément Black Feminism, du parcours de la chanteuse. D'après l'historienne Elain M. Hayes, celle qu'on surnommait Sassy aura été une pionnière du "crossover", déjouant sans cesse, en passant d'un genre à l'autre, les stéréotypes de genre ou de couleur suscités par une voix féminine noire tout en subissant, notamment dans sa vie conjugale, les affres du patriarcat. Aspirant dans le même temps au respect qu'on témoigne envers les grandes cantatrices d'opéra, Sarah Vaughan aura ainsi été une chanteuse très politique, même si elle ne s'est jamais engagée publiquement pour telle ou telle cause.

G comme George Treadwell. C'est en septembre 1946 que Sarah Vaughan épouse le trompettiste George Treadwell qui l'accompagnait au Café Society et qui devient bientôt son manager et directeur musical. C'est lui qui arrache Sarah Vaughan au be-bop pour la transformer en diva. Cours de diction, robes de scène, nouvelle dentition... Ainsi remodelée au regard des stéréotypes de l'époque, Sassy signe ses premiers succès sur le label Musicraft, comme par exemple It's Magic ou encore Tenderly. Dès la fin des années 40, et grâce à George Treadwell avec lequel elle sera en couple jusqu'à la fin des années 50, la chanteuse a changé de braquet. Plus aucun club new-yorkais n'a les moyens de se l'offrir, contrairement au label Columbia Records qui lui offre, toujours par l'intermédiaire de George Treadwell, un contrat en or en 1949.

H comme Héritières. L'œuvre de Sarah Vaughan a si bien résisté à l'érosion du temps qu'elle a inspiré d'autres voix, à l'instar de la chanteuse Dianne Reeves qui, en 2001, consacrait tout un album à Sarah Vaughan sous le titre The Calling. Dans un tout autre registre, Amy Winehouse idolâtrait Sarah Vaughan, la citant nommément dans l'une de ses chansons, October Song, avant de reprendre sa version de Lullaby of Birdland. Cécile McLorin-Salvant a souvent également cité Sarah Vaughan parmi ses influences, tout comme Samara Joy, aussi mutine, joyeuse et sincère dans son rapport à la mélodie que son illustre devancière.

I comme I'll Wait and Pray. C'est le premier enregistrement de Sarah Vaughan, mais pas sous son nom. C'est en effet pour l'orchestre de Billy Eckstine qu'elle grave le 5 décembre 1944 I'll Wait and Pray, une ballade que John Coltrane revisitera également en 1960. Immédiatement séduit par cette performance alors qu'elle n'a que 19 ans, le critique et producteur Leonard Feather demande alors à Sarah Vaughan d'enregistrer, le 31 décembre de la même année, quatre autres morceaux mais cette fois-ci sous son nom, parmi lesquels East of The Sun ainsi qu'Interlude, une version vocale de A Night in Tunisia signée Dizzy Gillespie, qui accompagne la chanteuse.

J comme John Malachi. Le pianiste John Malachi, qu'elle a connu dès ses débuts, va accompagner Sarah Vaughan de 1952 à 1954. C'est à lui qu'elle doit son diminutif, Sassy, qui signifie impertinente en français. Bel hommage à son indépendance d'esprit, mais aussi réminiscence, peut-être, d'un épisode plus trivial lors d'une tournée. Alors que Sarah Vaughan et John Malachi s'empressaient de ne pas rater un train en gare de Washington, le pianiste aurait voulu jouer les galants en tenant une porte ouverte pour que sa partenaire puisse passer, ce qui aurait fortement déplu à Sarah Vaughan,: "Pourquoi es-tu là à me regarder, idiot ?" lui aurait-elle répondu... C'est un DJ renommé de Chicago, Dave Garroway,qui a donné pour sa part à la chanteuse son autre surnom: La Divine.

Les derniers épisodes