Sweet Mambo
Cela ne lui allait pas vraiment, le genre " What a Wonderful World "... Avec " Sweet Mambo ", qui suit de quelques mois seulement sa précédente création, " Bamboo Blues", Pina Bausch retrouve le mordant d'une chorégraphie à la fois lascive et cruelle. Elle a mis de côté l'idyllisme un peu bêbette qui nous avait pour la première fois procuré une sacrée déception l'an dernier. C'est le thème du délaissement amoureux que la grande prêtresse de la danse allemande creuse, ici, avec une troupe plus réduite qu'à l'accoutumée.
Sur la scène parisienne du Théâtre de la Ville, glissant et disparaissant à travers de grands voilages blancs qui prennent parfois l'allure d'une tornade, trois messieurs tourbillonnent autour de sept dames qui leur courent après tout en se dérobant à leur emprise. Une petite faiblesse de rythme avant l'entracte nous indique que Pina Bausch n'a pas encore retrouvé tout son allant d'autrefois, et il est vrai que dans l'ensemble, le spectacle ressemble plus à une plaisante parenthèse qu' à une oeuvre majeure
Il n'en reste pas moins que la seconde partie de ce " Sweet Mambo " est un bonheur de virtuosité, une cavalcade d'émotion et de légèreté avec, comme toujours en bonus, des jeux de couleurs qui subjuguent le coeur et le regard, ainsi qu'une musique aérienne conjuguant les talents de Lisa Ekdahl, Portishead, Mina Agossi ou encore René Aubry.
Mambo Blues, de Pina Bausch, au Théâtre de la Ville à Paris jusqu'au 30 janvier