Drive
Sortie de route pour "Drive" malgré son prix de la mise en scène à Cannes... Dans le genre polar vroum-vroum, le jeune cinéaste danois Nicolas Winding Refn essaie de carburer sur le mode "Bullit", sauf que le falot Ryan Gosling, avec ou sans volant, est dépourvu du charisme et de l'intensité dont faisait preuve Steve McQueen.
Pour le reste, on se désintéresse très vite de ce poor lonesome driver, mécanicien-cascadeur le jour, conducteur-auxiliaire sur divers hold-up la nuit. On est même un peu effaré par le sentimentalisme béat qui envahit soudainement l'écran lorsque notre homme s'éprend de sa charmante voisine (Carey Mulligan) et joue les papas-pote avec le gamin de la jolie dame... Et lorsque l'hémoglobine commence à couler à flot, notre résignation "aquoiboniste" prend alors des proportions harassantes, sans parler de cette pop sirupeuse qui pollue la B.O. du film en guise de clin d'oeil lourdingue au cinoche des années 80.
Tout cela serait à prendre, paraît-il, au second degré, Nicolas Winding Refn multipliant par ailleurs les références aux polars minimalistes et glacés de Michael Mann. Le résultat est pourtant aussi artificiel qu'un mauvais Tarentino, et seules quelques notes écrites il y a un mois, juste après la projection de presse, nous remettent vaguement en mémoire deux ou trois scènes éventuellement pittoresques, notamment dans un ascenseur ou alors sur une plage nocturne où notre héros masqué déploie son ardeur vengeresse.
A quoi cela sert-il, finalement, de prendre le volant dans d'aussi vaines circonstances cinématographiques ? Je me souviens d'une certaine Sofia Coppola qui posait un peu le même type de questions, en début d'année, en prélude et à la fin de son "Somewhere" si mal-aimé... C'était en vérité beaucoup moins gratuit et la conduite avait autrement plus de tenue.
"Drive", de Nicolas Winding Refn (Sortie en salles ce 5 octobre).