Mercredi 18 décembre 2013 par Ralph Gambihler

Le Loup de Wall Street

On le croyait voué à la restauration des vieux films et le voilà qui déchire à nouveau la pellicule. A 71 ans, Martin Scorsese nous a concocté un cocktail sexe & drogue qui n'est plus trop de son âge. Assauts soudains de testostérone pour oublier ce puceau d'Hugo Cabret ? Envie de refaire parler la poudre sur les rails ultra-cocaïnés du Nouvel Hollywood? Le Loup de Wall Street laisse en même temps une drôle d'impression. Celle d'un film qui se répand dans sa maestria mais sans vraiment faire sens. Sauf à doublonner avec la splendeur passée de son réalisateur.

C'est plus un fantôme qu'un loup, du même coup, qu'on voit débarquer à l'écran. Même panoplie du gangster partouzard ou du mégalo compulsif repérés autrefois, à ceci près que tout cela est transposé à Wall Street. Pas question évidemment, pour Martin Scorsese, de s'embourber dans les arcanes financières qui permettent de comprendre l'ascension puis la chute du trader campé par le toujours impérial Leonardo Di Caprio. Ce qui l'excite, en revanche, c'est la débauche du personnage et de sa bande d'amis. L'ode à la pute, à la coke et aux amphets. Ainsi que l'immoralité assumée et triomphante à l'autel du dieu Dollar devant lequel la mise en scène, à un tel niveau de survoltage, parait elle aussi se prosterner.

Une défonce en bagnole, des nains-fléchettes pour galvaniser les collègues, la rencontre atypique entre une bougie et une dominatrice... Moments tordants et morceaux de bravoure ne manquent pas, surtout en trois heures de film carburant à 200 km/h. Jean Dujardin "dujardine" très bien, par ailleurs, en banquier suisse, mais au final, rien de réellement subversif. Rien de bien touchant, également. Juste les éclats magnifiés d'un kaléidoscope. Juste un film-juke box où le Mercy, Mercy, Mercy de Cannonball Adderley voisine avec C'est si bon d'Eartha Kitt et Ça plane pour moi de Plastic Bertrand... Tout un programme !

Le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese (Sortie le 25 décembre)