Dimanche 4 décembre 2011 par Ralph Gambihler

Hugo Cabret

Où en est le 7eme art, en cette fin d'année 2011, pour qu'un conte de Noël adapté d'un roman pour enfants soit accueilli par une légion de critiques comme l'un des meilleurs films de Martin Scorsese, et accessoirement comme un sérieux candidat pour les Oscars 2012 ? Où en est le réalisateur de "Taxi Driver" lui-même pour nous offrir une guimauve pareille tout en s'extasiant, par le biais d'un pâle avatar d' "Avatar",  sur les délices de la 3D?

Répondre à ces deux questions nous oblige, hélas, à résumer un pitch qui, dans sa première partie du moins, n'a guère d'intérêt: nous voici donc plongé, avec "Hugo Cabret", dans le Paris des années 30 sur les traces d'un orphelin ayant hérité de son père horloger un automate auquel il ne manque qu'une précieuse clé pour le faire fonctionner. En attendant de tomber sur une jeune fille détentrice de la fameuse clé, le garçon occupe son quotidien à faire fonctionner la grande horloge d'une gare tout en essayant d'échapper à un méchant policier (lequel s'avère finalement être un brave gars) qui ne rêve que de l'envoyer dans un orphelinat...

Mécanique à souhait, le scénario bifurque soudainement lorsque le gamin rencontre un vendeur de jouets chagriné et solitaire qui s'y connait lui aussi en automates et en horloges... Il faut dire que le vieil homme n'est autre que Georges Méliès en personne, l'inventeur des premiers effets spéciaux au cinéma, tombé dans l'oubli après avoir connu la gloire au même titre que les frères Lumière.

Le conte de Noël cède alors la place à un mini-biopic rendant hommage à l'un des plus grands pionniers du 7eme art... Les spectateurs qui vont adorer "Hugo Cabret" sont les mêmes que ceux qui ont aimé "The Artist" ou encore "Minuit à Paris", de Woody Allen. Il s'agit, avec ces trois films, de fuir un présent bien peu attrayant pour célébrer un âge d'or plus ou moins poussiéreux. Les trucages de Méliès, l'épopée du cinéma muet, l'effervescence culturelle du Paris des années 20 deviennent ainsi les nouveaux horizons d'une cinéphilie de cartophiles...

Hugo Cabret, de Martin Scorsese (Sortie en salles le 14 décembre)