Pentagon Papers
Aux origines des Panama Papers et autres Wikileaks, les Pentagon Papers... Le 17 juin 1971, sous présidence Nixon, la patronne du Washington Post, Katharine Graham, décide de publier dans son journal un rapport secret-défense accablant sur les relations entre les Etats-Unis et le Vietnam. Commandé par l'ex-secrétaire d'Etat de Johnson, Robert McNamara, le document éclaire le bourbier vietnamien à l'aune du mensonge. Bien avant l'engagement officiel de l'armée américaine, en 1965, la Maison-Blanche et le Pentagone ont délibérément provoqué une escalade du conflit.
C'est un analyste travaillant pour l'État, Daniel Ellsberg (récemment décédé), qui communique ces informations au New-York Times. Il a bien fait le job, le premier lanceur d'alerte de l'Histoire, sauf que Nixon n'est pas du genre à se laisser faire. "Mettons ces fils de pute en prison", balance-t-il à son conseiller, Kissinger, sans mesurer la force de ce que l'on va dés lors appeler "le quatrième pouvoir". Alors qu'un juge fédéral somme le New York Times de renoncer à son scoop, c'est le Washington Post qui prend le relais, quitte à compromettre son entrée en bourse et à réduire en miettes le carnet d'adresses de sa présidente, jusque là bien en cour auprès de l'Establishment.
Les Pentagon Papers ont finalement eu peu de conséquences sur l'administration Nixon. Ils ont donné en revanche au Washington Post, grâce à une décision historique de la Cour suprême, les moyens d'enquêter, ce qui a conduit au Watergate, l'ironie du sort voulant que dans le film d'Alan J.Pakula consacré à ce scandale, Les Hommes du Président, Katharine Graham est aux abonnés absents.
Le brushing laqué de Meryl Streep lui redonne vie dans Pentagon Papers. On pourrait s'en réjouir si Steven Spielberg n'avait pas signé à cette occasion un film aussi ringard que son actrice principale. En rédacteur en chef posant les pieds sur le bureau, Tom Hanks surenchérit dans la caricature. Le reste n'est que bien-pensance fémininiste et politique en réaction à l'Amérique de Trump, les allusions gros feutre au climat actuel ne manquant pas dans ce film éminemment conjoncturel.
Pentagon Papers, Steven Spielberg (Sortie en salles le 24 janvier)