Matthias et Maxime
Mauvaise passe. Avec Matthias et Maxime, annoncé comme un retour à ses fondamentaux après l'ambitieux et contrarié Ma Vie avec John F.Donovan, Xavier Dolan se loupe une nouvelle fois. On se faisait pourtant une joie de le retrouver à Montréal et de le voir à la fois derrière et devant la caméra à travers Maxime, jeune gay refoulé flanqué d'une tâche de vin sur le visage et qui s'apprête à se faire la malle pour faire barman en Australie.
C'est qu'il en a gros sur le cœur, Maxime. Son meilleur ami, Matthias, est devenu méconnaissable depuis que les deux potes ont échangé un baiser lors du tournage d'un court-métrage amateur en manque de comédiens. Ça l'a rendu tout chose, le Matthias, ce baiser de fiction. Le voilà soudain déstabilisé par un désir pour le moins impromptu dans son parcours de gendre idéal promis à une brillante carrière dans un cabinet d'avocat d'affaires.
Les amitiés élastiques, pourquoi pas ? Au regard d'une œuvre où scintillent des films comme Laurence Anyways et Tom à la ferme, cette thématique pouvait faire des étincelles. C'était sans compter sur l'anecdotisme effarant avec lequel Dolan enrobe son récit. Ces silences interminables, ces non-dits qui ne disent rien, ces bringues à n'en plus finir où les deux personnages principaux s'esclaffent au sein d'une bande d'amis aussi imbéciles que caricaturaux... L'humour québécois, décidément, n'est plus ce qu'il était.
Peut-être aurait-il fallu que Mathias et Maxime se parlent d'avantage pour que le spectateur saisisse d'avantage la tension entre eux. A contrario, peut-être aurait-il aussi fallu que leurs mères respectives soient moins bavardes. On n'en peut plus, de ces mummies exubérantes, qu'elles soient ou non au bout du rouleau, sur lesquelles le jeune cinéaste porte toujours le même regard, à la fois attendri et falot. Une mise en brouillonne bien que plus ramassée parachève la déception.
Matthias et Maxime, Xavier Dolan (Sortie en salles ce 16 octobre)