Mercredi 13 mars 2019 par Ralph Gambihler

Ma vie avec John F. Donovan

Une seule trame suffisait. Elle aurait éventuellement regorgé de ce concentré de cinéma pur qui a toujours été la marque de fabrique de Xavier Dolan. Enfin, on n'en est pas certain tant la funeste odyssée de cette star de série télé (Kit Harington, alias Jon Snow dans Game of Thrones...) cachant son homosexualité peine à captiver. Il n'empêche qu'avec le personnage de Jessica Chastaing en patronne de tabloïd acharnée à détruire les réputations, le film aurait peut-être trouvé son rythme. N'en parlons plus, l'actrice a été coupée au montage.

Une seule trame suffisait, sauf que le concentré de cinéma pur a laissé placé à un objet filmique dilué et inapte à consumer l'écran. À côté de la vedette télégénique sur le point de jouer un super-héros, Dolan met en scène un gamin surdoué qui entretient une correspondance secrète avec la star. Ce lien épistolaire est si peu crédible à l'écran qu'on se demande s'il ne s'agit pas d'un pur fantasme. Quant à l'enfant, il ressemble comme deux gouttes d'eau au stupide bambin de Maman, j'ai raté l'avion. L'affaire, dés lors, paraît bien mal engagée.

Le laborieux parallèle qui s'ensuit est aux antipodes de la collision des tempos et des climats dont le jeune cinéaste canadien avait si bien ramassé l'esprit dans Juste la fin du monde. L'enfant et la star se débattent chacun dans une recherche d'authenticité contrariée par leurs environnements respectifs. Pas de pitiés pour les gays, secret ou en devenir ! Vous avez aimé la mère "dolanienne" ? Ici, vous en avez deux, Susan Sarandon en mode alcoolique, Natalie Portman larmoyante à souhait. Recherche Mommy, désespérément...

Recherche de cohérence, surtout, tant Ma vie avec John F. Donovan en manque au gré de ses flash-back répétitifs, ses ralentis à foison et ses fameux gros plans sur les visages qui ne relèvent plus désormais que du tic et toc. Ratage avec fioritures. Clichetons sur les ravages de la célébrité ("Le style, c'est savoir qui l'on est" !!!) et les avatars d'une enfance précoce. Et lorsque l'ado tête à claques devenu adulte prend à son tour la place de l'acteur play-boy en se faisant interviewer par une reporter aguerrie (Thandie Newton), on est aussi accablé que la journaliste face à ces "soucis de riches".

Où est passé le sismographe de l'émotion pure qui nous prenait aux tripes dans Laurence Anyways et Tom à la ferme ? Celui dont l'aquarelle s'ornait des couleurs les plus vives -ou les plus sombres- quand il s'agissait de repeindre le grisé d'une époque et la morosité du qu'en dira-t-on ? Quid de cette alchimie, de cette intensité, de ce cinéma de l'étreinte affadis ici dans une psychologie de café du commerce ? Pour ce qui est son premier film hollywoodien, Xavier Dolan a manifestement perdu son âme. On a hâte de voir ses personnages retrouver l'accent québécois.

Ma vie avec John F. Donovan, Xavier Dolan (Sortie en salles ce mercredi 13 mars)

endance Macaulay Culkin dans Maman, j’ai raté l’avion. Au

e jeune vedette adulée de la télé, en passe de jouer un super-héros pour le grand écran…

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