Samedi 19 février 2022 par Ralph Gambihler

Lee Morgan et autres morts violentes...

Il allait jouer un morceau composé pour Angela Davis quand son épouse lui a tiré dessus après l'avoir surpris avec une autre. L'ambulance a mis presque une heure à arriver. Officiellement à cause de la neige. Il y a 50 ans, le 19 février 1972, le trompettiste Lee Morgan, atout majeur des Jazz Messengers d'Art Blakey, entrait dans la légende, mais cela n'aura pas été la seule fois où la rubrique jazz a croisé celle des faits divers.

Ainsi Bessie Smith, Scott LaFaro et Clifford Brown s'arrêtent-ils en pleine route. Le corps d'Albert Ayler flotte sur l'East River tandis que Chet Baker passe à travers la fenêtre. Clochardisé à l'extrême, Jaco Pastorius est tabassé à mort par un vigile de discothèque. Destin similaire pour le batteur SDF Oliver Johnson, roué de coups sur un banc du quartier des Halles à Paris.

Morts violentes également pour le pianiste Jaki Byard et le batteur Lawrence Leathers tués par balles à New York, tout comme pour le tromboniste Frank Rosolino qui supprime ses deux enfants avant de se suicider. Trop hard, le bop... Trop hard également, le blues et la soul, surtout pour Robert Johnson dont un tenancier jaloux aurait empoisonné la bouteille de whisky. On se souvient aussi de Otis Redding, là-haut dans son avion juste avant le crash, sans oublier King Curtis, le mentor d'Aretha Franklin, poignardé à la suite d'une altercation.

Le pianiste Siegfried Kessler, alter ego d'Archie Shepp, sera retrouvé quant à lui noyé près de la Grande-Motte. Sept mois auaravant, Esbjörn Svensson, le leader du groupe E.S.T., n'était pas remonté lui non plus à la surface.

Lee Morgan ( 10 juillet 1938-19 février 1972). À revoir également, sur Netflix, le documentaire I Called Him Morgan.