En corps

Stop ou en corps ? Vaste dilemme auquel est confrontée une jeune ballerine en pleine reconstruction après s'être blessée sur scène suite à une peine de cœur. Enterrés, ses rêves de tutu conquérant, sauf à redéployer son corps et surtout son âme dans le registre de la danse contemporaine. Se dessine alors une autre quête moins liée à la perfection, plus ancrée dans le sol que vers le ciel et jouant sur la fragilité, comme le définit si bien le chorégraphe israélien Hofesch Shechter qui campe ici son propre rôle.

Même douceur de groove dans le regard de Cédric Klapisch qui réussit là son anti-Black Swan, renouant avec une fluidité et une sensibilité qu'on pensait révolues depuis l'infame Ma Part du gateau. Première danseuse à l'Opéra de Paris, Marion Barbeau est l'éclosion incarnée et émancipée devant sa caméra qui témoigne aussi d'une relation sensorielle à la danse et d'une attention soutenue aux bleus à l'âme des nouvelles générations.

On sera plus dubitatif sur l'opportunité d'entourer la jeune femme de personnages aussi lourds. C'est un peu le syndrome Licorice Pizza, quand Paul Thomas Anderson tuait lui aussi la magie suscitée par son jeune couple-vedette en l'entourant de seconds rôles grimaçants. Toutes aussi désolantes, les prestations ici de François Civil en kiné new age abonné aux rateaux amoureux, Pio Marmaï dans la peau d'un cuistot volcanique et Denis Podalydès en père intello mal remis de son veuvage. Ces trois-là en font des tonnes, peinant par ailleurs à renouveler leurs simagrées.

On sera plus indulgent envers Muriel Robin, tenancière à canne d'une résidence d'artistes en Bretagne qui ne trouve pas plus grand plaisir, visiblement, que d'éplucher ses légumes en assistant à des répétitions chorégraphiques. Entre deux saillies qui lui ressemblent tant, son registre plus écorché prolonge curieusement le poignant discours qu'elle a prononcé il y a quelques jours lors de l'hommage national à Michel Bouquet.

En corps, Cédric Klapisch (Le film est sorti le 30 mars)