Une nouvelle chance
Ce n'est pas vraiment un rôle de composition pour Clint Eastwood... Bourru, acariâtre, et pas très psychologue dans ses rapports avec autrui, et notamment avec sa fille, le recruteur de base-ball qu'il incarne dans "Une Nouvelle Chance" ressemble comme un frère jumeau au vieux réac de "Gran Torino", mais en moins rugissant.
C'est d'ailleurs ce qui frappe le plus à la vision du film. Rarement l'ex-Inspecteur Harry n'est apparu aussi diminué, offrant sans artifices les vestiges de sa propre carrure pour rendre d'autant plus crédible son personnage. Cette crédibilité est d'ailleurs propice à d'étranges effets de miroir avec le réel. D'un côté, le détecteur de talents sportifs au bout du rouleau que ses collègues traitent comme un has been et un moins que rien, de l'autre le cinéaste et acteur de légende qu'un buzz mondial a récemment tourné en dérision lorsqu'il a publiquement manifesté son soutien au candidat républicain à la Maison-Blanche.
Sauf que dans la vie comme devant la caméra de Robert Lorenz, qui a été son producteur et assistant-réalisateur, l'ami Clint a encore les ressorts qu'il faut pour surfer sur les médisances et le qu'en dira-t-on. Le spectateur peut très bien se laisser distraire par le même mouvement et trouver que le charme opère, quoiqu'en disent d'assassines critiques, même si effectivement les personnages et le scénario du film sont relativement prévisibles. Pour le reste, c'est juste top cool de voir Clint Eastwood deviser avec ses potes sur les mérites comparés de Sammy Davis Jr et Robert Redford. Un peu plus loin dans le récit, on l'entend chantonner aussi plaisamment "You Are My Sunshine", de Ray Charles...
"Une Nouvelle Chance", de Robert Lorenz (Sortie en salles le 21 novembre) .