Une maison de poupée (bis et ter)
Tour à tour futile et lucide, conformiste et révoltée, compromise et irréductible, la Nora d'"Une maison de poupée" continue à fasciner les metteurs en scène... Stéphane Braunschweig avait déjà donné le ton en novembre, à la Colline, avec une version de la pièce d'Ibsen qui reste à ce jour la plus séduisante... Ce que propose Michel Fau au théâtre de la Madeleine est pourtant loin d'être inintéressant. Certains papiers dans la presse m'avaient fait craindre le pire.
Il est vrai que Michel Fau a osé l'impensable, à savoir transformer "Une maison de poupée" en pièce de boulevard ! Audrey Tautou, accoutrée pour la circonstance, assume ce pari avec panache... Elle est littéralement "marionnettisée" par son metteur en scène-partenaire, Michel Fau jouant également le rôle du mari bourgeois et macho...On sent en revanche la comédienne plus limitée lorsque Nora se rebelle et quitte le foyer conjugal.
Mais sans doute y a t-il une certaine logique à épuiser ainsi ses batteries lorsqu'il s'agit de camper un personnage qui pète les plombs... Même pièce, et autre challenge aux Amandiers de Nanterre. Cette fois-ci, c'est Marina Foïs qui joue Nora, sous la direction de Jean-Louis Martinelli... Sur le papier, on se dit que ça va forcément voler plus haut qu'à la Madeleine, mais force est de reconnaître que le spectacle est assez "mou du genou"...
Marina Foïs, à vrai dire, n'est pas très bien accompagnée au niveau de ses partenaires. La comédienne elle-même tient parfaitement son rôle, mais elle paraît un peu seule sur scène. Et puis on est un peu troublé par le fait que, dés le départ, le spectateur devine ce qu'elle va devenir. Dès le départ, elle apparaît déjà consciente de l'aliénation dont elle est l'objet et qu'elle fracasse au dernier acte... Les batteries de Marina auraient gagné à être un peu plus déchargées...
"Une maison de poupée", de Michel Fau, avec Audrey Tautou, au théâtre de la Madeleine, ainsi qu'aux Amandiers de Nanterre, avec Marina Foïs sous la direction de Jean-Louis Martinelli.