Mardi 1 décembre 2009 par Ralph Gambihler

The Limits of Control

Son double expresso, il le prend toujours en deux tasses. Ses visites régulières au musée ne se concentrent que sur un seul tableau. Et quand une créature affriolante débarque dans son lit, il reste de marbre. Inutile de dire que ce drôle de tueur dont Jim Jarmusch suit les pérégrinations espagnoles dans "The Limits of control" nous restera longtemps à l'esprit, et pas seulement parce que c'est l'impeccable Isaach de Bancholé qui lui donne chair.

Le film fonctionne en fait comme un jeu de piste qui vire labyrinthe. Notre tueur rencontre une pléiade d'informateurs qui contribuent encore plus à embrouiller sa mission. Le spectateur croisera ainsi Jean-François Stévenin, Tilda Swinton ou encore John Hurt, avec à la clé, non pas de précieux indices sur le sens de la mission assignée à l'impassible killer, mais plutôt de grandes considérations sur l'art, le cinéma, la bohème etc... Seul le personnage de Bill Murray, dans son bunker insonorisé, apparaît un peu plus concrètement comme une éventuelle cible à abattre, mais on sent bien, au fond, que Jarmusch se contrefiche de son intrigue.

On pense à Wim Wenders et à "L'Ami américain" pour le côté road-movie jalonné de guest-stars. Il y a aussi dans le déroulement du film un côté "Cluedo" que n'aurait pas désavoué Rivette.. Mais le primat de la mise en scène avec son jeu de miroirs et de trompe-l'oeil rattache surtout le nouvel opus de Jim Jarmusch aux tentations autistes d'un David Lynch. Le résultat est à la fois fascinant et frustrant, pas très loin, somme toute, de ces "grands films malades" qui tournent en peu en rond sur eux-mêmes, ou plutôt en spirale, avec dans leur magie de la circulation un je ne sais quoi d'hypnotisant qui peut éventuellement rendre mythologique la projection en salles obscures.

 "The Limits of control", de Jim Jarmusch (sortie en salles le 2 décembre) Coup de projecteur le même jour avec le réalisateur (8h30, 11h30, 16h30) A lire également le dossier spécial Jarmusch dans la revue "Brazil"... ...