Hors Satan
Mornes dunes le long de la Côte d'Opale et ratage en beauté pour Bruno Dumont. Avec "Hors Satan" , le réalisateur de "L'Humanité" ressasse et se caricature. Lui qui savait si bien filmer la foudre ("Flandres") et la lumière de l'âme ("Hadewijch"), le voilà qui nous plonge dans un épais brouillard où plus rien ne palpite si ce n'est notre envie que tout cela s'arrête au plus vite.
Flanqué d'une jeune femme gothique à souhait et dont on soupçonne qu'elle rêve de se jeter dans ses bras, un vagabond alterne miracles et châtiments selon son humeur du moment. Tour à tour guérisseur et justicier, doux et impitoyable, prude et fornicateur, notre homme traque le démon entre deux prières au gré d'une errance qui se termine dans un face-à-face à la limite du grotesque avec une randonneuse possédée. Ce n'est pas seulement l'ennui qui est ici mortifère, ni même l'épuisante atonie dont fait preuve le comédien masculin.
Si Bruno Dumont donne à ce point l'impression de faire du sous-sous-Bresson ou du sous-sous-Pialat (triste imitation de la célèbre guérison de "Sous le Soleil de Satan"), c'est peut-être aussi parce que, pour la première fois dans sa filmographie, aucune belle figure féminine ne vient réellement bousculer les codes esthétiques auxquels il nous a habitués. C'est dans le "hors-amour" le plus complet, du même coup, que nous regardons ce "Hors Satan" dévider son formalisme et ses bondieuseries.
"Hors Satan", de Bruno Dumont (le film est sorti en salles ce 19 octobre)