Heureux comme Lazzaro
Étrangement auréolé par un Grand Prix du Jury cannois, le précédent film d'Alice Rohrwacher, Les Merveilles, s'enlisait dans une rusticité aussi déroutante qu'exténuante. Heureux comme Lazzaro renoue avec le genre "fable insolite" que cette jeune cinéaste italienne affectionne, mais avec moins d'âpreté et, surtout, une vraie capacité cette fois-ci à toucher un public plus large.
Le récit est scindé en deux parties. La première nous transporte dans une ferme où des paysans cultivent du tabac pour le compte d’une marquise. Parmi eux, Lazarro, un Adonis simple et toujours souriant alors même que son entourage ne cesse de l'exploiter. Le second volet se situe au moins 20 ans plus tard. Les paysans ont quitté une terre qui ne leur a jamais appartenu pour un terrain vague situé en ville… Et revoilà Lazzaro ! On le croyait mort, victime d'une très mauvaise chute, et il ressuscite, sans avoir pris au passage la moindre ride...
Sanctifié par la mise en scène, l’ex-idiot du village agit alors en révélateur des inégalités sociales, des injustices sur le marché du travail et du cynisme ambiant dans un monde où plus personne n’a la foi. Difficile de nier l'état de grâce poétique qui advient à l'écran ainsi que son imprégnation sur le spectateur, même si l'art d'Alice Rortwacher n'est pas exempt d'un savoir-faire quelque peu préfabriqué.
Heureux comme Lazzaro, Alice Rohrwacher, prix du Scénario à Cannes (Sortie en salles le 7 novembre)