Les Merveilles
Urbains, s'abstenir. Dans Les Merveilles, 2e long-métrage d'Alice Rohrwacher arraché à sa rusticité par les faveurs d'un Grand Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, le spectateur est invité à partager le quotidien d'une famille d'apiculteurs dans un coin perdu du centre de l'Italie.
Poésie du terroir et utopie bio bourdonnent ainsi au rythme des abeilles, sous le regard d'une adolescente bouleversée par un double surgissement. Celui, tout d'abord, d'un gamin beau comme un ange et muet comme une tombe, jeune délinquant transvasé dans cette famille post-hippie suite à un programme de réinsertion. Apparition, ensuite, d'une animatrice de télé-réalité (Monica Bellucci) dont l'émission consiste à distinguer les familles les plus authentiquement "estruques" de la région.
Mise en scène et scénario déambulent ainsi au gré de cet imaginaire du n'importe quoi qui, lorsqu'il n'est pas gonflant de naturalisme (la mise aux normes de l'exploitation est source de bien des tracas...), nous obscurcit encore d'avantage l'esprit dans ses dérivées vers le saugrenu. Si l'on peut, éventuellement, se laisser capter par une transhumance de butineuses sur le visage d'une gamine tout aussi ingénieuse à faire sortir des abeilles de sa bouche, l'apparition d'un chameau ne parvient même plus à nous étonner. Et encore moins à alléger nos paupières alourdies par une facture cinématographique à ce point moyenâgeuse.
Les Merveilles, Alice Rohrwacher (Sortie en salles le 11 février)