Lundi 3 février 2014 par Ralph Gambihler

American Bluff

"-C'est Duke Ellington qu'il y a écrit sur votre bracelet ?

-Oui. Vous savez qu'il est mort cette année ?

-Je sais, et je crois bien qu'il n'y a pas grand monde ici qui s'en soucie... em>Il m'a sauvé la vie plusieurs fois.

-Moi aussi. Quel morceau ?

-Jeep's Blues."

L'élégance, la classe, la touche vintage et quelque part tellement moderne de cette rencontre entre Christian Bale et Amy Adams dans une fête à Long Island... Comment ne pas être percuté d'entrée de jeu par Américan Bluff, nouvel opus du très jazzfan David O.Russell, lequel convoquait déjà Dave Brubeck dans la B.O. de son successful Happiness Therapy il y a tout juste un an ?

Pas de comédie romantique, ici, mais une incroyable arnaque typiquement années 70. Deux escrocs amoureux (ceux qui valsent sur Jeep'ss Blues...) se font ferrer par un type du FBI (Bradley Cooper) qui, plutôt que de les coffrer, préfère les manipuler pour coincer des politiciens véreux. Mais quand la Mafia s'en mêle en la personne de Robert de Niro himself, l'affaire devient autrement plus dangereuse.

Coups tordus, rebondissements en série... American Bluff est vernis comme il se doit, avec des morceaux de bravoure aussi pétillants qu'une BO qui, outre Duke Ellington, nous fait entendre Monk, Sinatra, Oscar Peterson mais aussi Donna Summer, les Temptations et David Bowie... Les réjouissances seraient complètes si quelques trous d'air au niveau du rythme ne venaient pas nous rappeler que, tout scorsesien se revendique-t-il, David O.Russell n'est pas Scorsese. L'ensemble reste en même temps stylé à merveille, souvent irrésistible et suffisamment glamour pour mériter quelques Oscars. On pense notamment, parmi les seconds rôles, à Jennifer Lawrence en blondasse pas si écervelée qu'elle en a l'air.

American Bluff, de David O.Russell (Sortie en salles le 5 février)