A Serious Man
"Aucun Juif n'a été maltraité pendant la fabrication de ce film", est-il indiqué au générique de fin. La boutade résume bien l'esprit du nouveau film des frères Coen. "A Serious Man", c'est du Woody Allen trempé dans l'acide, mixé aux accents psychés de "Jefferson Airplanes", avec au final une oeuvre décapante et pleine de vitalité qui met enfin les deux frangins américains à la hauteur de leur réputation après le surestimé "No Country For Old Men" et le bâclé "Burn After Reading".
Le prologue du film en instille déjà toute la saveur: un conte yiddish, tout droit sorti de l'imagination des frères Coen, un Dibbouk (une sorte de fantôme dans la culture juive) qui n'en est peut-être pas un et dont la visite chez un couple de paysans s'achève dans le sang... Même si la suite du film n'a rien à voir, on est d'emblée propulsé dans un univers où plus aucune croyance ne vient renverser ou atténuer la cruauté des rapports humains.
C'est d'ailleurs bien le constat auquel devra se résoudre le personnage principal du film, un prof de fac à qui il arrive toutes les galères. Sa femme le quitte, son fils préfère la marijuana aux études, sa carrière patine. Et ce ne sont pas les trois rabbins qu’il consulte qui vont éclairer ses angoisses existentielle. La chronique a pour cadre le Midwest des années 60, là où les Coen ont grandi, au sein d'une communauté juive qui, encore une fois, n’a rien à voir avec les New-Yorkais filmés par Woody Allen.
Loufoque, doux-amer, pas très éloigné, parfois, d'un cynisme à la Billy Wider, "A Serious Man" pourra peut-être laisser plus d'un goy au bord du chemin... Si on témoigne en revanche de l'intérêt (voir plus, si affinités) envers la grande tradition juive américaine, le dernier menu proposé par les frères Coen promet d'être succulent...
"A Serious Man", de Joël et Ethan Coen (Sortie en salles ce 20 janvier)