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Mercredi 27 mars 2024 | 06:00 - 11:59

Centenaire de Sarah Vaughan : l'Abécédaire - Partie 3, K-O

Née à Newark le 27 mars 1924, Sarah Vaughan aurait eu 100 ans cette année. TSFJAZZ célèbre à la fois une voix et une femme qui ont marqué le jazz moderne à travers un abécédaire qui retrace le parcours de celle qu'on surnommait Sassy, ou encore La Divine ..

K comme Kafkaïen. Difficile de qualifier autrement le passage de Sarah Vaughan chez Roulette Records entre 1960 et 1963 après plusieurs années chez Mercury. Kafkaïen, en effet, le fonctionnement de cette maison de disque qui réussit l'exploit de ne pas verser une once de royalties à la chanteuse. Gestion opaque, réseau de distribution déficient... Même si Sarah Vaughan y signe de beaux enregistrements, notamment avec les orchestres de Count Basie, Gerald Wilson ou encore Lalo Schifrin, il est plus que temps pour elle de quitter le navire. Ce sera chose faite grâce à Quincy Jones qui organise son retour chez Mercury où il avait déjà orchestré certaines de ses sessions. Quant au patron de Roulette, Morris Levy, le FBI parviendra à le faire tomber à la fin des années 80 alors que ses liens avec la mafia étaient notoirement connus.

L comme Lester Young. Alors même que l'odyssée du jazz l'a d'abord associé à Billie Holiday, le légendaire saxophoniste Lester Young a également accompagné Sarah Vaughan. C'était le 8 novembre 1947, sur la scène new-yorkaise du Town Hall. Lester Young se produisait alors au sein d'un sextet où figurait le tout jeune batteur Roy Haynes. Sarah Vaughan, quant à elle, interprétait son propre répertoire avant de retrouver Lester Young sur I Cried For You, un thème peu formaté que le saxophoniste jouait déjà avec Billie Holiday quelques années auparavant et qui tranche avec les ballades chantées à la même époque par Sarah Vaughan.

M comme Mister B. Surnommée Mister B., le chanteur noir américain Billy Eckstine a été l'un des employeurs phares de Sarah Vaughan. C'est lui qui, après l'avoir côtoyé dans la formation du pianiste Earl Hines, l'entraîne dans la révolution du be-bop à partir de 1944 en la recrutant dans son propre orchestre où figurent également Charlie Parker et Dizzy Gillespie, déjà présents chez Earl Hines. La chanteuse prend en même temps ses distances avec les acrobaties du be-bop. Chez "Mister B.", elle apprécie surtout le chanteur au baryton de velours qui l'initie à la ballade. Sarah Vaughan ne s'attarde pas bien longtemps dans cet orchestre, mais elle restera très proche d'Eckstine, et elle a fréquemment enregistré avec lui.

N Comme Newark. Sarah Vaughastrong>n est née à Newark, une cité ouvrière de la banlieue de New York qui s'est avérée être un creuset pour les cultures africaine-américaine et juive, y compris dans leurs croisements. C'est dans cette ville où est également né l'écrivain Philip Roth qu'elle va connaître ses premières expériences musicales à l'église baptiste Mount Zion où elle joue d'abord du piano et de l'orgue avant de chanter dans la chorale. Sa mère, Adda, rêvait d'en faire une soliste du répertoire classique. Sarah Vaughan a également fréquenté la Newark Arts High School dont quelques diplômés notables ont pour noms Wayne Shorter et Woody Shaw, et elle a fait ses débuts à la Taverne Alcazar, dans une rue rebaptisée depuis avenue Mohamed Ali, du nom du célèbre boxeur africain-américain.

O comme Octaves. Sarah Vaughan, c'est une voix, ou plutôt des voix... Son timbre naturel profond et chaleureux, mais aussi la tessiture opératique aux trois octaves qui le caractérise, lui permettent de jouer sur une multitude de tempos et de tonalités: elle peut soudain s'envoler dans les aigus au milieu d'une phrase et jouer la jeune fille charmante avec un zeste d'ironie avant de revenir à un timbre plus grave, façon contralto, comme ce sera surtout le cas dans la seconde partie de sa carrière. Elle est aussi capable de se contenir subtilement, privilégiant un vibrato aussi sobre que particulièrement poignant, comme dans sa célèbre version de Lover Man avec l'orchestre de Dizzy Gillespie en 1945. De fait, Sarah Vaughan aura fait de son timbre un véritable matériau sonore au service de l'improvisation.

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