Centenaire de Sarah Vaughan : l'Abécédaire - Partie 5, U-Z
Née à Newark le 27 mars 1924, Sarah Vaughan aurait eu 100 ans cette année. TSFJAZZ célèbre à la fois une voix et une femme qui ont marqué le jazz moderne à travers un abécédaire qui retrace le parcours de celle qu'on surnommait Sassy, ou encore La Divine ..
U comme USA. Emblématique des États-Unis d'Amérique, Sarah Vaughan? Elle a été en tout cas invitée plusieurs fois à la Maison-Blanche. D'abord en 1964 en l'honneur du Premier ministre japonais qui était invité par Lindsay Johnson avec lequel la chanteuse va esquisser quelques pas de danse. Jimmy Carter, quant à lui, l'invite en 1977 avec Dizzy Gillepsie pour une soirée en l'honneur du Shah d'Iran. Sarah Vaughan chantera également George Gershwin devant Ronald Reagan en 1986, trois ans après avoir reçu son premier Grammy Award pour l'album Gerswhin Live ! On retiendra aussi le concert privé qu'elle a donné en 1974 pour Gerald Ford et Valéry Giscard d'Estaing lors d'un sommet en Martinique réunissant les deux présidents.
V comme Violences. Sarah Vaughan a souvent subi des maris et des managers d'autant plus violents qu'ils étaient à la fois mari et manager. Si George Treadwell, qui a contribué à lancer sa carrière, n'était pas un enfant de chœur, tout comme le trompettiste Waymon Reed avec lequel elle fut mariée de 1978 à 1981, c'est surtout l'entrée dans la vie de la chanteuse de Clyde Atkins à partir de 1958 qui a été propice à bien des tensions. En plus d'être un homme violent, ce patron d'une compagnie de taxis était aussi un charlatan dilapidant son argent au jeu. Ses dépenses excessives ont également endetté Sarah Vaughan à hauteur d'environ 150 000 dollars tandis que leur maison d'Englewood Cliffs a été saisie pour non paiement d'impôts. Leur divorce, qui intervient fin 1963, coïncide également avec la décision de la chanteuse de mettre un terme à un contrat tout autant peu fructueux avec le label Roulette Records.
W comme Whatever Lola Wants. Sur un rythme de mambo et avec derrière elle un chœur masculin, Sarah Vaughan enregistre en 1955 pour le label Mercury l'un de ses plus grands succès, Whatever Lola Wants, un morceau extrait d'une comédie musicale créée la même année et inspirée de la vie de la danseuse espagnole Lola Montès, qui fut la maîtresse du roi Louis 1er de Bavière, puis, plus tard, une vamp pour mineurs lors de la ruée vers l'or à San Francisco. Son mantra était, paraît-il, "Ce que Lola veut, Lola l'obtient"... Sarah Vaughan est accompagnée pour l'occasion par l'orchestre d'Hugo Peretti. Le morceau sera également remixé dans les années 2000, toujours avec la voix de Sarah Vaughan, par les Français du Gotan Project.
X comme XXL. On a souvent tendance à dire qu'elles trois sont "jazz ladies" XXL, autrement dit au-dessus du lot: Billie Holiday, Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan. La sainte trilogie des chanteuses de jazz, en somme. En termes d'image, pourtant, la troisième de ces chanteuses n'a connu ni le parcours chaotique de la première, ni le niveau de gloire de la seconde. Sarah Vaughastrong>n est considérée en même temps par certains spécialistes comme la plus irréprochable dans sa manière de chanter jazz. D'autres évoquent à son propos une "musicienne pour musiciens". Était-elle, comme l'a écrit le journaliste Franck Bergerot, "trop heureuse, trop douée, trop charmante", la perfection technique et harmonique voilant peu à peu l'aura des grandes divas de la note bleue ? La postérité, quant à elle, ne fait pas le tri: Sarah Vaughan est bien l'une des chanteuses de jazz les plus connues au monde.
Y comme Yeux gonflés. Ils ont tous en effet les yeux rouges ou les yeux gonflés, comme on veut, ce 10 avril 1990, pleurant Sarah Vaughan lors de ses obsèques en l'église Mount Zion de Newark, la ville où elle est née dans le New Jersey. Il y a sa mère, Adda, et sa fille adoptive, Deborah Paris. Egalement présents, le vibraphoniste Milt Jackson, les pianistes Tommy Flanagan et Barry Harris, ainsi que Billy Eckstine, l'un des premiers mentors de la chanteuse décédée à 66 ans des suites d'un cancer. Au-dessus du cercueil, les fleurs sont arrangées de telle manière qu'elles forment une clé de sol. La directrice musicale de l'église entonne Body & Soul, le morceau que Sarah Vaughan chantait lors du fameux concours de l'Apollo qui a lancé sa carrière. La chanteuse sera ensuite enterrée au cimetière Glendale à Bloomfield, tout près de Newark.
Z comme Zeta Phi Beta. Sarah Vaughan était membre de la sororité Zeta Phi Beta, une organisation historique de la communauté africaine-américaine à laquelle ont également adhéré les chanteuses Minnie Riperton et Dionne Warwick. Fondée en 1920 à Washington par cinq jeunes femmes de l'université Howard, surnommée la Harvard noire, la sororité Zeta Phi Beta a repris un usage en cours dans les fraternités étudiantes en prenant pour nom des lettres de l'alphabet grec. Cette organisation s'est toujours revendiquée par ailleurs comme un mouvement alliant féminisme, érudition et raffinement, tout en manifestant une réelle sensibilité aux questions sociales. Elle compte aujourd'hui plus de 100 000 membres et des centaines d'antennes agréées dans le monde entier.