Melk Prod Goes to New Orleans
Amis du Dixieland, passez votre chemin! "Melk Prod Goes to New Orleans", qui se joue en ce moment au théâtre de la Bastille à Paris, ravira au contraire tous ceux qui ont poussé le pas un peu plus loin que le Carré français pour tenter de comprendre ce qui fait pulser, encore et toujours, la Nouvelle-Orléans, malgré tous les Katrina qui l'ont saignée à vif.
La pièce revisite en fait, sur un mode joyeusement chorégraphique, tous les clichés en vogue sur le "berceau du jazz". A la recherche du blues, les joyeux lurons de la compagnie Melk Prod, emmenés par l'Italien Marco Berrettini, sont revenus de Louisiane un peu désarçonnés par ce qu'ils ont capté sur place: des brass-band "en-rappés" jusqu'au cou, des championnats de poker, une visite dans les plantations où l'on ne cesse de vous bassiner avec le fantôme de Scarlett O' Hara...
Plutôt que de ramener des cartes postales, les 6 personnes impliquées dans le projet ont préféré pondre un spectacle foutraque, tordant, déglingué, poursuivant par ailleurs un travail de détournement basé sur l'importation d'expériences quotidiennes dans un espace scénique et musical. Le jazz, ou plutôt les "jazzeux", auront évidemment un peu de mal à retomber sur leurs deux pieds dans ce "melk prod blues" qui fait le grand écart entre funk, disco, vaudou et gospel, sans jamais craindre la moindre fausse note lorsqu'il s'agit de célébrer la vitalité musicale, l'art de la survie et l'authenticité de l'âme new-orléanaise, avec au passage un esprit et une fougue visionnaire qui rappellent un peu certaines pages de Jean-François Bizot dans "Vaudou et Compagnie".
Melk Prod Goes to New Orleans, au Théâtre de la Bastille à Paris, jusqu'au 11 décembre