Jeudi 27 décembre 2007 par Ralph Gambihler

It's a Free World

Ce devrait être le premier scoop de l'an 2008: Ken Loach n'est plus tout à fait Ken Loach. Oh certes, il continue à faire son miel des "belles causes", plongeant encore une fois le spectateur dans cette traditionnelle émotion "tribunicienne" qui barre la route à tout point de vue strictement cinématographique. L'angle d'attaque, en même temps, n'est plus tout à le fait le même dans "It's a Free World", qui sort en salles le 2 janvier.

Centré sur la maltraitance et la désespérance des travaillants migrants traités comme moins que rien dans l'Angleterre post-thatchérienne, le film prend pour sujet, non pas l'un de ces nouveaux "prolétaires" exploités jusqu' à moëlle, mais plutôt une jeune femme arriviste qui exploite ces travailleurs par le biais d'une agence de recrutement à la lisière de l'illégalité.

Angie -c'est le nom de la dame- est vraiment à son aise dans la nouvelle jungle néo-libérale où tout ce qui faisait sens, collectivement parlant, a été défait, dérèglementé et bradé au plus offrant. Ken Loach la voit, cette Angie, comme la parfaite représentante d'une certaine forme de culture nord-américaine (il le dit dans le coup de projecteur que TSF lui consacrera le jour de la sortie du film) qui mélange la compassion la plus dégoulinante avec le cynisme le plus inébranlable.

On regrettera seulement que le cinéaste n'ait pas déroulé la pelote jusqu'au bout et qu'au fil d'un scénario parfois trop rondelet il soit tenté, au final, de sauver son personnage, comme s' il fallait malgré tout créer un sentiment d' identification auprès du public. Il y a là comme un manque de grâce qui a toujours plus ou moins posé problème dans l'oeuvre de Ken Loach. Cette réserve faite, il faut admettre que l'auteur de "Raining Stones" débute 2008 en ayant rajeuni de quelques décennies, et qu'on le trouve beaucoup plus à son avantage dans la chronique fiévreuse de son époque que dans ses films historiques plombés d'académisme.

It's a Free World, de Ken Loach (Sortie en salles le 2 janvier)