La Douleur
Son absence nous avait inquiété, mais la voici de nouveau de retour sur les planches : Dominique Blanc joue Marguerite Duras aux Amandiers de Nanterre, sous la direction de Patrice Chéreau. La revoir est une fête en soi, même si on aurait rêvé de la revoir autrement... On aurait aimé que la pièce ne s'intitule pas "La Douleur". On aurait aimé d'autres mots pour dire TOUS les talents de Dominique Blanc...
Le problème, c'est que ce sont les mêmes mots qui reviennent dans les colonnes des journaux: intense, sensible, à fleur de peau... ça lui colle à la peau, toutes ces louanges, à Dominique Blanc ! Y en a marre de ce cercle vertueux que la mise en scène minimaliste de Chéreau et les tics d'écriture de Duras exacerbent jusqu'à une certaine forme d'ennui.
Pièce sans surprise, donc... Dans "La Douleur", Dominique Blanc vide son sac et épluche une pomme alors qu'elle est sans nouvelle de l'homme de sa vie, déporté par les Allemands. Nous sommes à Paris, en 1945. Le quotidien file lentement, dans l'attente, dans l'angoisse, et quand enfin l'être aimé revient, c'est dans un état d'affaiblissement qui tue tout le romanesque des retrouvailles.
A l'entendre, sur scène, on sent bien qu'on n'est pas là en présence du meilleur texte de Marguerite Duras... Les sujets évoqués invitent au respect et au recueillement, mais théâtralement le compte n'y est pas... A un moment, Dominique Blanc dit que sa tête est lourde, que c'est comme un abcès... Il n'y a dés lors plus rien à rajouter...
La Douleur, mise en scène de Patrice Chéreau, au théâtre des Amandiers de Nanterre jusqu'au 14 décembre, puis en tournée dans toute la France.