Il Divo
Trop de maestria tue la maestria... Voilà un peu ce que l' on a en tête face à ce "Il Divo" qui fit sensation au dernier festival de Cannes... Avec "Gomorra", "Il Divo" était censé ressusciter le cinéma italien... Si un jury s'y est laissé prendre (Grand prix pour "Gomorra", prix du jury pour "Il Divo"), force est de constater l'incapacité commune à ces deux films de renouer avec un "vrai" cinéma politique, à la Francesco Rosi, sans fioritures ni afféteries stylistiques.
Paolo Sorrentino ne prend pas ce chemin là. Pour évoquer les turpitudes de Giulio Andréotti, figure centrale de la Démocratie-chrétienne pendant près d'un demi-siècle, le réalisateur italien a choisi, avec une virtuosité jamais prise en défaut, la dérision, la fantaisie, le macabre également... On est en pleine comedia del arte mais sur son versant noir, le tout étant saupoudré d'une B.O. pop-classique qui permet de bien assaisonner tous les raccourcis du scénario.
Qu'importe la personnalité réelle de tel ou tel. Avec Paolo Sorrentino, les hommes politiques italiens sont avant tout des grands guignols, des silhouettes arlequinesques, d'affreux jojos dénués de la moindre conviction... Le vrai Andréotti a eu tord d'hurler à la mort contre le sort cinématographique qui lui est ici administré... Car le personnage fascine, et il fascine d'autant plus que par un seul instant Sorrentino ne produit un réel point de vue sur le phénomène Andréotti. C'est en cela que le film est raté. Ajoutons-y que pour les non-initiés à la vie politique italienne, le décrochage sera plus ou moins rapide, et que là encore un grand metteur en scène, et pas seulement un maestro des effets techniques, aurait certainement su conjurer cet handicap de départ...
Il Divo, de Paolo Sorrentino (Sortie en salles le 31 décembre)