Lundi 9 février 2009 par Ralph Gambihler

Doute

Vous vous souvenez de l'éloge du doute chez Descartes ? "Je pense, donc je suis", écrivait l'auguste philosophe il y a de cela quelques siècles... A ce compte là, effectivement, ce 2ème long-métrage de John Patrick Shanley n'a pas lieu d'être malgré son titre... Il faut dire qu'il ne doute pas un seul instant, le réalisateur. Tout fier du succès de l'une de ses pièces à Broadway, il fonce à toute allure, et avec un gros feutre en guise de caméra, dans le théâtre filmé le plus indigeste.

On se retrouve du même coup avec un choc en toc, et schématisé à outrance, entre une bonne soeur acariâtre et coincée campée par une Meryl Streep qu'on a connue plus subtile, et un prêtre à la fois jovial et torturé, alias Philip Seymour-Hofman, qu'on a connu moins distant par rapport à ce que l'on lui fait jouer. On est dans une école catholique du Bronx, milieu des années 60, et le doute en question tourne autour du prêtre: ne serait-il pas trop bienveillant envers le seul élève noir de l'école?

A vrai dire, on se contrefiche un peu de savoir si le doute est fondé ou non.  Des fenêtres qui claquent sous la tempête, des couleurs bien sombres, l'escalade vers un huis-clos prévisible et essoufflé d'avance... On attend laborieusement le générique de fin jusqu'à cet ultime plan qui relève carrément de la chirurgie lourde en matière d'écriture cinématographique, avec une  Meryl Streep qui s'effondre soudainement en larmes en avouant qu'elle aussi, elle est capable de douter... La scène est tellement brutale qu'elle en oublie d'être ridicule...  

Doute, de John Patrick Shanley (Sortie en salles le 12 février)