Chéri
Stephen Frears partage avec le personnage de son film une même obsession: ne pas perdre son temps. Il ne faut ainsi que quelques minutes pour que son cher Chéri, jeune homme cynique et affreusement gâté tel que la Belle-Epoque en enfanta par légions, ne tombe dans les bras d'une courtisane en fin de cycle incarnée par une Michelle Pfeiffer qui, elle, pourtant, semble encore avoir beaucoup de charme à revendre...
2 minutes, montre en main, pour roucouler... Et six minutes encore pour que soudain, 10 ans passent, et qu'on retrouve nos deux amoureux dans une situation beaucoup plus problématique, surtout lorsque le jeune Chéri est poussé par son affreuse maman (succulente Kathy Bates, même si elle en fait des tonnes...) dans les bras d'une dame de son âge alors qu'en fin de compte il était quand même bien amoureux de sa demi-mondaine toute fanée (Fânée Michelle Pfeiffer ?) ...
Résultat des courses: 90 minutes toutes tassées... Deux bonnes mi-temps bien rodées, bien écrites, bien filmées, mais où l'on regrette vraiment que le cinéaste n'ait pas pris le temps de poser sa caméra pour instiller l'émotion qu'aurait mérité cette adaptation de Colette... On est d'autant plus frustré que Stephen Frears est complètement passé à côté de l'analyse sociale de ces courtisanes du début du 20ème siècle qui savaient fort bien "gérer" leur corps au gré de leurs intérêts financiers... On se consolera avec la découverte d'un excellent comédien, Ruper Friend... Pour le reste, on n'est toujours pas convaincu, 20 ans après "Les Liaisons Dangereuses ", que Stephen Frears est vraiment fait pour le film à costumes... Trop enrubannée, sa mise en scène manque un peu de piquant...
Chéri, de Stephen Frears (Sortie en salles le 8 avril)