Les herbes folles
Elle se nomme Muir, comme la madame Muir de Joseph Mankiewicz dans le film de 1947 où la rencontre avec un fantôme permettait à Gene Tierney d'échapper à son ronron quotidien. Mais ici, le fantôme en question a plutôt les traits d'un retraité acariâtre, alias André Dussolier, qui pourchasse Sabine Azéma de ses assiduités après avoir découvert par hasard son portefeuille qui lui avait été subtilisé... Il ira même jusqu'à lui crever les pneus pour bien montrer qu'il ne peut plus se passer d'elle.
On l'aura compris: c'est sur le thème des pulsions qui nous gouvernent et nous font parfois disjoncter qu'Alain Resnais a construit ses "herbes folles" qui surgissent toujours de manière saugrenue dans l'environnement urbain. En cela, il est complètement en phase avec l'esprit jazzy de celui dont il a adapté le roman, le très en vogue Christian Gailly dont on va par ailleurs bientôt découvrir l'adaptation au cinéma de "Un soir au club"... Quelque chose d'à la fois surréaliste et d'absurde se déroule dés lors sous nos yeux, médusés par tant de jeunesse et de prouesses chez un metteur en scène bientôt nonagénaire.
Les seconds rôles ne sont pas moins étonnants, Mathieu Amalric en tête, dans la peau d'un flic complètement déjanté. Reste quand même un sacré manque dans ce film, à savoir son absence complète d'intensité narrative. Je veux dire par là que "Les herbes folles" se laisse voir tout en s'écoutant parler (et filmer), à l'instar de la voix off d'Edouard Baer au début du récit. C'est ce qui en fait à la fois une oeuvre brillante, et d'une certaine manière, parfaitement inintéressante.
Les herbes folles, d'Alain Resnais (Sortie en salles le 4 novembre) .