Lundi 1 février 2010 par Ralph Gambihler

Littoral

On a connu le public de Malakoff plus enthousiaste... Surtout avec Wajdi Mouawad, toujours fidèle au Théâtre 71 malgré une réputation grandissante... Le dramaturge libano-québécois n'aura pourtant pas eu le droit, cette fois-ci, aux ovations auxquelles il est habitué avec la reprise de "Littoral ", sa première pièce initiatique écrite il y a plus d'une quinzaine d'années, et dans laquelle un jeune homme flanqué d'un chevalier protecteur qui n'existe que dans ses rêves recherche au Liban le lieu de sépulture idéal pour son père défunt...

Sur sa route, il croise d'autres jeunes gens amputés, chacun à leur manière, par un drame ou une disparition... Peut-être y a t-il un restant de pêché de jeunesse à reprendre ainsi une oeuvre de jeunesse... Peut-être que nos rétines, nos émotions, se sont vivifiées sur des pièces plus solides du même auteur... "Littoral " sonne parfois un peu trop ado, un peu trop criard, un peu trop surfait,  un peu trop pontifiant également dans l'écriture, et moins riche dans son dispositif scénique. Peut-être est-on lassé -c'est une autre hypothèse- d'une thématique que l'on a l'impression de connaître par coeur : la mort du père, la quête des origines, l'amour-haine du pays natal et les cicatrices toujours béantes de la guerre qui l'a ravagé... Autant d'obsessions qui ne vieillissent pas forcément très bien.

L'ensemble possède en même temps une ferveur qui force l'adhésion... Le jeu de lumières, les accents chorégraphiés de plusieurs scènes dont la musique renforce l'intensité, les atouts d'une troupe qui joue résolument collectif... Voilà qui n'est pas si fréquent sur les scènes franciliennes de ce début d'année 2010... Il est vrai qu'on a suffisamment morflé, ces dernières semaines, de Chaillot (Podalydès surestimé) à la Colline (Un Sobel manquant de souffle), en passant par Odéon (Jeanne Moreau en liseuse infernale) et la Maison des Arts de Créteil (Emmanuelle Devos à la recherche de Victor Hugo) pour ne pas conseiller, malgré tout, la virée à Malakoff, même si on aimerait vraiment, à présent, que Wajdi Mouawad passe à autre chose.

"Littoral ", de Wajdi Mouawad, au Théâtre 71 de Malakoff (jusqu'au 21 février)