Mercredi 31 mars 2010 par Ralph Gambihler

Gardiens de l'ordre

On avait failli l'oublier: le cinéma, c'est d'abord 24 images par seconde... Bienvenue, la piqûre de rappel. Surtout quand elle permet à Nicolas Boukhrief de signer, encore une fois, un thriller dans les règles de l'art. Eloge de la vitesse, donc... Refus de s'appesantir... Chasse obstinée au plan-plan,au psychologisant, sans forcément verser dans une débauche de spectaculaire... Et puis cette idée aussi, tellement cinématographique dans son essence même, selon laquelle les personnages deviennent ce que les circonstances décident.

Dans l'une de ses interviews, le réalisateur fait référence à "Gun Crazy", ce "Bonny & Clyde" de série B tourné dans les années 50 et dans lequel les personnages fonçaient eux aussi à toute berzingue, droit dans le mur, sans trop se poser de questions... Dans "Gardiens de l'ordre", Bonny and Clyde sont gardiens de la paix. Ils vont quand même essayer de ne pas y aller, droit au mur... Mais ce n'est pas gagné d'avance... Tout au long du film, on se demande comment ils vont faire pour sortir indemnes de leur trip "cheval de troie" au royaume des amphet' multicolores et des trafiquants "ni noirs ni arabes"... Et ils s'en sortent, finalement, sourire aux lèvres, un peu corrompus quand même avec tous ces dealers de bonne famille dont les cadavres se ramassent à la pelle.

C'est elle, surtout, la plus bravache, derrière son look de fausse fragile... Lui, au contraire, c'est le matamore moins résolu qu'il en a l'air... Cécile de France et Fred Testot -mais oui, le Testot d' "Omar et Fred !"- forment un duo tellement improbable sur le papier qu'ils défoncent tout à l'écran. Même topo pour Julien Boisselier, carnassier à la perfection, sans oublier -mais ça devient une marque de fabrique, chez Boukhrief- une galerie de petits rôles, flics ou voyous, croqués juste comme il faut... Côté keufs, on citera Stéphane Jobert, épatant de veulerie et détruit de l'intérieur... Pour les "méchants", coup de chapeau au magnétique  Foued Nassah parce que deux ou trois plans seulement lui suffisent pour nous accrocher au siège, au rythme d'un vrai beau polar à la française, nerveux à souhait, suffoquant de violence rentrée, et  jamais malhonnête avec le spectateur...

"Gardiens de l'Ordre", de Nicolas Boukhrief (Sortie en salles le 7 avril)... Coup de projecteur avec le réalisateur et ses deux interprètes principaux le mardi 6 avril sur TSFJAZZ à 8h30, 11h30 et 16h30)