Mercredi 27 octobre 2010 par Ralph Gambihler

Buried

Vous l'avez cauchemardé ? "Buried" l'a fait ! Croupir six pieds sous terre enfermé dans un cercueil, cogner les parois, en vain, crier dans le noir, dans le vide, suffoquer devant l'horreur, et aussi parce que l'oxygène se raréfie... On l'aura compris, l'Américain Paul Conroy, convoyeur du désert pris en otage et enterré vivant dans on ne sait quel trou perdu d'Irak, est vraiment très très mal barré... On pourrait presqu'en dire autant du réalisateur de "Buried" , l'Espagnol Rodrigo Cortes, par rapport au pari qu'il s'est fixé, à savoir rester pendant toute la durée du film dans le cercueil, avec l'otage, sans le moindre rayon de soleil pour aérer le scénario.

Eh bien ça fonctionne ! En digne héritier d'Hitchcock, qui se fixait des challenges aussi folichons, comme le fait par exemple de tourner un film entier dans un bateau en pleine mer ("Lifeboat"), Rodrigo Cortes ne décolle pas une seconde des ténèbres dans lesquels sa caméra s'est fourrée... Avec pour seuls alliés un briquet et un téléphone portable plutôt en forme dans une atmosphère aussi confinée, son personnage de convoyeur enterré est loin d'être inactif, et la caméra suit le rythme, jusqu'à se permettre d'incroyables travellings sur fond de musique rappelant "Les Dents de la mer"...

Alors certes, on est dans le pur exercice de style, cramponné à un concept que la mise en scène ne parvient jamais à transcender. La  tentative, par exemple, qui vise à donner un contenu politique à ce thriller claustrophobo-irakien ne convainc pas réellement... On se serait aussi volontiers passé de certaines fausses pistes dans le scénar qui donnent l'impression que le réalisateur veut jouer avec le spectateur...

Lorsqu'il se focalise, en revanche, sur le corps même de son acteur (magnifique Ryan Reynolds, seulement entraperçu jusqu'à présent dans les pages "people" pour cause de romance avec Scarlett Johansson), lorsqu'il capte la panique d'un regard, la sueur qui dégouline, la respiration de plus en plus haletante, Rodrigo Cortes tape dans le mille... Le spectateur lui-même en ressentira les effets, physiquement parlant, surtout dans ce qu'il est convenu d'appeler les salles obscures...

"Buried", de Rodrigo Cortes (Sortie en salles le 3 novembre)