Samedi 28 janvier 2012 par Ralph Gambihler

Liberetto

Après avoir fait équipe avec Dave Liebman, John Scofield, Rick Margitza ou encore la chanteuse Youn Sun Nah, le contrebassiste et violoncelliste suédois Lars Daniellson s'est trouvé un sideman de luxe en la personne de Tigran Hamasyan. Le guitariste anglais John Parricelli et l'ancien batteur d'E.S.T., Magnus Öström, complètent cette fine et délicate dream team sans oublier, en guest-star, le  voisin norvégien Arve Henriksen dont le ténébreux et hypnotique son de trompette avait fait l'événement en 2008 lorsqu'était sorti "Cartography" chez ECM.

C'est le label ACT, autre étendard de ce que le jazz européen peut avoir de plus accompli (pas seulement européen, d'ailleurs, puisque la maison de disques de Siegfried Loch héberge également un certain Vijay Iyer) qui accueille ce casting particulièrement alléchant, et le résultat fait vraiment plaisir à entendre. "Liberetto" est un album gorgé de ballades qui vous bercent l'oreille et dont les couleurs, tour à tour enjouées, mélancoliques et dansantes, soutiennent une profondeur mélodique propice au premier coup de coeur de l'an 2012.

Un an après "A Fable" -son chef d'oeuvre- le jeu de Tigran Hamasyan n'a évidemment rien perdu de son intensité. En terre scandinave, curieusement, l'Arménien est comme un poisson dans l'eau, à l'instar d'un solo tout en puissance sur "Orange Market". Même brio dans ses propres compositions, avec en intro le planant "Yerevan" ou encore le voluptueux "Svensk Lat" offert comme un écrin au toucher de batterie de Magnus Öström.

Le guitariste John Paricelli joue un rôle tout aussi décisif dans l'esthétique d'ensemble, ne serait-ce que sur le tubesque "Driven to Daylight" dont les harmonies percussives rappellent un peu le "Capriccio" de Brad Mehldau dans "Higway Rider"... Dans le genre Playlist, "Party on the Planet" n'est pas mal non plus, même si le coeur bat forcément un peu plus fort sur un morceau aussi poignant et aussi sublimé par la trompette d'Arve Henriksen que "Day One"... Entre accents lounge, remix-folk et spleen nordique, le jazz de Lars Danielsson est décidément une musique de pure évasion.

"Liberetto", Lars Danielsson (Act)