Samedi 10 novembre 2012 par Ralph Gambihler

Après Mai

Poseur et confondant d'académisme sous son vernis cinéphilique, le "Après Mai" d'Olivier Assayas tourne le dos à ce qui rendait si attachant, autrefois, le réalisateur de "Désordre", "L'Enfant de l'Hiver" ou encore "Clean". Le romanesque vrai a laissé place au romantisme-pompier, la mélancolie lucide s'est mâtinée d'aigreur... Les poignants zigzags, enfin, dans la manière d'affleurer le charnel, sont désormais entachés d'un défaut d'incarnation généralisé.

Le sujet avait de l'ampleur, pourtant... Un lycée de la banlieue parisienne des années 70, une bande de jeunes ayant loupé les barricades de Mai 68 tout en s'efforçant d'en perpétuer l'esprit, des amours élastiques dispersés dans ce que l'époque a encore de résolument collectif et de libertaire... De cet inventaire qui a nourri son corpus biographique, Olivier Assayas n'extrait qu'une morale bien convenue, en fin de compte,  sur la nécessité de passer du "nous" au "je", de la Révolution au Cinéma et des idylles immatures et mythologiques à des relations autrement plus réfléchies.

Rien de réellement parlant à notre politis du 21è siècle ne vient germer, dés lors, dans cette reconstitution polie et cet album-photo bien jauni de l'esprit seventies... Ce n'est pas seulement des défaillances de casting qui sont en cause, ni même l'option artificiellement rock de la B.O. quand les enragés de l'époque en question se dopaient avant tout au Free Jazz (Un impromptu Green Onions de Booker T & The MG’s vient également se nicher là, sans que l'on comprenne trop pourquoi)...

L'échec réside plutôt dans l'incapacité d'Olivier Assayas à traduire à l'écran le souffle de cette période... On ne les aime pas vraiment, qu'ils soient filles ou garçons, ces jeunes desperados qui défient l'ordre établi, et on n'éprouve encore moins de nostalgie pour l'ardeur censée les animer... Pour le reste, le film se traîne en longueurs qu'une singulière absence de fantaisie et de fluidité ne fait qu'accentuer.

"Après Mai", d'Olivier Assayas (Sortie en salles le 14 novembre)