Mardi 2 avril 2013 par Ralph Gambihler

La Maison de la Radio

Ce n'est plus Radio France, c'est Radio Bisounours ! Quand Nicolas Philibert consacre un documentaire à la grande maison ronde du Bd Kennedy, c'est d'abord pour en magnifier les trips communautaires,  les vocations forcément ardentes et les hypertrophies de l'égo. Confondant de naïveté mais aussi de roublardise, "La Maison de la Radio" déroule ainsi son fil ténu de saynètes sulpiciennes en poussant la démagogie jusqu'à ne pas identifier nommément les intervenants.

Car il s'agit bien, ici, de traiter soi-disant sur un même pied d'égalité les aristos du micro et les petites mains de l'info ou de la culture que l'on voit notamment à l'oeuvre dans la mise en place des feuilletons et des pièces radiophoniques. Quelle grande famille, décidément, cette maison de la radio ! Que le réalisateur de "Être et Avoir" ait voulu traduire dans le langage du cinéma la magie des ondes est tout à son honneur. Encore eut-il fallu, pour cela, une certaine distance par rapport à ce qui est d'abord une entreprise, fut-elle de service public.

Mais il ne faut pas trop compter sur Nicolas Philibert, visiblement, pour éclairer d'un jour nouveau les réalités du monde du travail, le quotidien des précaires ou encore les jeux du micro et du pouvoir dans la grande maison ronde. Il préfère plutôt gambader et déambuler entre France-Inter et France Culture, voire même suivre en pleine forêt un jeune journaliste écolo accro au son de la faune comme s'il s'agissait là de retrouver l'essence même de l'art radiophonique. em>"La Maison de la Radio" trouve ainsi sa parfaite tonalité dans le bucolique et le superflu. Il en résulte un docu patchwork, charmant à certains instants, mais qui ne nous apprend pas grand chose de neuf sauf à se vouloir le miroir de la fascination qu'on peut éprouver lorsqu'on est de l'autre côté du poste.

"La Maison de la Radio", de Nicolas Philibert (Sortie en salles ce 3 avril)