Lundi 26 août 2013 par Ralph Gambihler

Grand Central

Chez Rebecca Zlotowski, réalisatrice en 2010 de "Belle épine", la libido est fortement radioactive. C'est en effet à l'ombre d'une centrale nucléaire que le film développe une romance torride -ou du moins censée l'être- entre un jeune intérimaire un peu inconscient des risques du métier et la femme de l'un de ses collègues plus aguerri sur le plan professionnel... Sauf que le résultat est aussi pesant que la métaphore de "la dose" qui irrigue le scénario.

Lui se demande ainsi ce que ça fait que de recevoir une "dose". Pour toute réponse, elle lui oppose un baiser bien goulu ponctué par "C'est exactement ça, l'effet d'une dose"... Un peu scolaire, cette version de "Fukushima, mon amour" (on pourrait également citer un film très célèbre d'Alain Resnais, mais en la circonstance, vraiment, comparaison n'est pas raison...), et surtout dénuée de toute émotion.

Rebecca Zlotowski puise pourtant dans un bel héritage, celui du cinéma populaire français des années 30 où prolos et femmes fatales tombaient au champ d'honneur des malédictions sociales. La référence aurait cependant gagné à être revitalisée par des personnages mieux construits. Seuls émergent, malheureusement, l'artifice et le préfabriqué même si, par ailleurs, on peut trouver de l'intérêt, sur le plan documentaire, à cette chronique des conditions de travail auxquelles sont soumis les sous-traitants du nucléaire chargés de la sûreté et de la décontamination de certaines installations.

Quant à l'interprétation, elle déçoit tout autant. Taham Rahim -il l'a déjà prouvé à de nombreuses reprises- reste un acteur plein de promesses mais il n'est pas encore Jean Gabin. Léa Seydoux, pour sa part, venait d'achever le tournage de "La vie d'Adèle", d'Abdellatif Kechiche, lorsqu'elle s'est échouée sur le plateau de "Grand Central". La comédienne, du même coup, semble complètement ailleurs durant tout le film, ce qui est assez compréhensible d'une certaine manière...

"Grand Central", de Rebecca Zlotowski (Sortie en salles ce 28 août)