Samedi 10 janvier 2015 par Ralph Gambihler

Adieu, Francesco Rosi...

Sans doute est-ce au contact du néo-réalisme ou encore de Luchino Visconti, dont il avait été l’assistant pour La Terre tremble, que Francesco Rosi était devenu le cinéaste politique par excellence.  C’est avec Salvator Giuliano, en 1961, qu’il signe son premier dossier : partant de la mort du célèbre bandit sicilien, le cinéaste ausculte le rôle de la mafia au fil d’une chronologie brisée où alternent témoignages et retours en arrière.

Ce même cinéma d’intervention se retrouve dans Main basse sur la ville, deux ans plus tard, où sont dévoilés avec rigueur et sans manichéisme les mécanismes de la spéculation immobilière et de la corruption politique à Naples. On se souvient aussi de L’Affaire Mattéi , de son scénario aride sur fond de prospection pétrolière et du magistral Gian Maria Volonté dont Francesco Rosi utilisera également les talents dans le très dense Lucky Luciano ainsi que dans Le Christ s'est arrêté à Eboli et Chronique d'une mort annoncée

A ces deux oeuvres pêchant peut-être par un "monumentalisme" parfois exténuant, on préfèrera de toute évidence Cadavres Exquis, pur sommet de la filmographie de Rosi, miroir clinique et cruel d’une Italie ravagée par les années de plomb avec au générique Lino Ventura et surtout l'inoubliable Charles Vanel caressant des feuilles d'arbre avant de s'effondrer, lentement, abattu par un tueur embusqué. De façon plus anecdotique, Francesco Rosi avait aussi adapté à l'écran la Carmen de Bizet, à contrario des BO plutôt jazzy de Piero Piccioni, le compositeur attitré de la plupart de ses films.

Francesco Rosi ( 15 novembre 1922-10 janvier 2015)