Lundi 2 février 2015 par Ralph Gambihler

Les jours venus...

Qu'on se le dise, l'auteur de Mourir à 30 ans n'est pas du genre à casser sa pipe à 60 ! Les sourcils toujours plus broussailleux et la fougue intacte, Romain Goupil nous revient avec un film de bande qui tranche avec l'époque où il faisait, au contraire, bande à part. Il en reste en même temps quelque chose, de cette période là...

Ces  drôles de pianos, par exemple, qui tombent du ciel lorsque le cinéaste-acteur se balade à l'air libre, ne seraient-ils pas la métaphore de ce que Romain Goupil a encaissé lorsque, seul contre tous (ou presque...), il soutenait George W. Bush dans sa guerre en Irak après avoir applaudi les avions de l'OTAN qui bombardaient Belgrade ? La scène donne en tout cas le ton d'un film jamais pesant tant il surfe sur l'autodérision. Les vignettes se succèdent entre fiction et réalité, mais toujours à la première personne du singulier: les bulletins de salaire qu'il faut rassembler pour toucher la retraite, les enfants et les copains des enfants qui ricanent lorsque l'ancien soixante-huitard raconte le temps des barricades, la productrice (Noémie Lvovsky) les pieds sur terre quand l'homme à la caméra se prend pour Don Quichotte...

Le propos frôle parfois l'anecdotique. La jolie et fébrile locataire (Marina Hands) qui n'aime que les vieux  et ci-possible mariés, c'est un peu usé. Parfois l'émotion surgit, brutale : Sarajevo... Le visage d'une femme aimée au balcon... strong>Valéria Bruni-Tedeschi et Jackie Berroyer passent par l'écran. Ils font partie de la famille, eux aussi.

On aurait aimé, ceci étant, que le film se parle un peu moins à lui-même ou alors qu'il décroche plus rapidement le pompon du burlesque, à l'instar de cette séquence énorme où Romain Goupil filme son propre enterrement avec, derrière le cercueil, Daniel Cohn-Bendit et Arnaud Desplechin dans leurs propres rôles. "Trotskyste un jour, tyran toujours !", lance alors Dany l'ex-rouge à l'adresse du cinéaste qui, perché sur sa grue, engueule ses amis parce qu'ils ne jouent pas bien la scène. Georges Brassens en aurait fait une belle chanson.

Les jours venus..., Romain Goupil (Sortie en salles le 4 février)