Vendredi 13 mars 2015 par Ralph Gambihler

Hacker

Dans les entrailles d'une méga-attaque informatique, la caméra de Michael Mann déploie, d'entrée de jeu, deux séquences d'anthologie: une prolifération digitale, l'affolement des circuits, leur démantèlement accéléré... Soudain, une diode rouge s'allume. Putain de camion ! Car les conséquences de ce que l'on vient de voir à l'écran sont, elles, parfaitement tangibles : une centrale nucléaire de Hong Hong promise au destin de Tchernobyl, un marché du soja qui flambe...

Après avoir donné aussi brillamment chair, sur le plan cinématographique, à ce qui relève de l'abstraction pure, le réalisateur de Collateral nous plonge direct dans le monde de l'après 11-septembre, baladant son super-héros anti-hacker (Chris Hemsworth) jusqu'en Malaisie et en Indonésie avec pour escorte, du moins dans les deux-tiers du récit, des agents gouvernementaux américains et chinois. Bon, il ne faut pas, en même temps, en demander trop à Michael Mann...

Muscler son cyber-thriller par une vraie pensée politique n'est pas franchement sa tasse de thé (Public Ennemies en avait d'ailleurs été une calamiteuse illustration). Colmater les facilités, les invraisemblances et l'anecdotisme sentimental de son scénar aux allures de James Bond n'est pas non plus de son ressort. Reste ce qui est son pêché mignon, à savoir cette obsession formaliste qui lui colle à la peau depuis belle lurette.

Un pêché plus que mignon, ici... Entre sarabande nocturne et en longue focale des grandes mégapoles urbaines, expressionnisme des fusillades et climax au milieu des torches et des masques lors d'une cérémonie de danse traditionnelle à Djakarta, Michael Mann impose sa maestria. L'échec public de son film aux Etats-Unis devrait peut-être l'inciter à ne pas s'en contenter.

Hacker, Michael Mann (Sortie en salles le 18 mars)