Back Home
Ayant perdu jusqu'à son titre originel -Louder than bombs- en raison du contexte terroriste actuel, le nouveau film du réalisateur norvégien Joachim Trier, présenté en sélection officielle au dernier festival de Cannes, se prend définitivement les pieds dans le terne, aux antipodes de la pulsation que le remarqué Oslo 31 août laissait entrapercevoir.
La tonalité bergmanienne du scénario faisait plutôt envie, au départ. Une famille new-yorkaise en manque après l'accident d'une mère photographe de guerre (Isabelle Huppert), les souvenirs que cette mort tragique réveillent, quelques années plus tard, comme autant d'éclats de bombe, justement, qui essaiment dans le mal-être du mari et des deux fils de la disparue.
Il y avait là, dans un dispositif à la fois choral et superposant plusieurs niveaux de narration dans le temps, la matrice d'un grand film. Ce qui nous parvient de l'écran ne fait qu'illustrer, malheureusement, les avatars de ces grosses coproductions en langue américaine où, parfois, se perd l'âme d'un réalisateur pas encore chevronné. Confronté à un sujet drama au sens le plus lourd du terme et aux exigences d'un casting international, Joachim Trier filme Isabelle Huppert comme un alibi culturel. Il nous égare en route, surtout, au gré d'une mise en scène prétentieuse qui ne parvient jamais à dissiper, dans ses clichés (l'adolescent rebelle boutonneux, l'intello d'âge mûr à la fois irrésistible et maladroit avec les femmes...) et ses longueurs, l'académisme pour le moins glacial de ses fondamentaux.
Back Home, Joachim Trier, sélection officielle au festival de Cannes (Sortie en salles ce 9 décembre)