L'Avenir
Elle n'est pas du genre à applaudir les jeunes qui manifestent en ce moment contre la loi Travail, la prof de philo carrément CSP+ que joue Isabelle Huppert dans L'Avenir... On la voit, d'ailleurs, dés le début de film, sermonnant une brochette de lycéens parisiens qui bloquent l'entrée de son établissement et à qui elle suggère d'apprendre à réfléchir avant de s'enflammer.
L'entame est un peu raide, comme le personnage principal. Tonalité bien plus délicate, en revanche, lorsque l'enseignante blindée de bonne conscience se retrouve toute seule après le départ de son mari parti vivre avec une autre femme. Faut-il démontrer à quel point l'art d'Isabelle Huppert est à son sommet lorsqu'il s'agit d'incarner ce type de personnage ? Sur un mode mezzo voce, elle donne à ce profil féminin si peu présent sur nos écrans toute les fêlures de l'âge mûr confronté à l'inconnu.
La mise en scène de Mia Hansen-Løve décline ce portrait avec infiniment de doigté même si le déroulé du film peut apparaître parfois un peu trop sage. Le scénario évite en même temps bien des écueils. Il ne sombre pas dans le sombre. Il n'est pas question, non plus, de transformer l'épouse déchue en cougar se consolant auprès de l'un de ses anciens élèves (Roman Kolinka) idéaliste et baba cool. L'essentiel, à vrai dire, est ailleurs. En parfaite disciple d'Éric Rohmer, la réalisatrice met en évidence le hiatus entre le discours de son héroïne et son comportement...
Une distorsion qui se résorbe, peu à peu, ne serait-ce qu'à travers cette très belle séquence à la campagne où Isabelle Huppert débarrasse les assiettes alors que de jeunes intellos conceptualisent en allemand. On lui demande son avis, et pour une fois elle n'a pas d'avis. La trajectoire est joliment
L'Avenir, Mia Hansen-Løve (Sortie en salles le 6 avril)