Samedi 24 novembre 2018 par Ralph Gambihler

Les Veuves

Connectées par le destin tragique de leurs braqueurs de maris, quatre drôles de dames -deux Blanches et deux Noires- forment un quartet aussi coriace que punchy lorsqu'elles se lancent à leur tour dans le casse du siècle pour éponger les dettes de leurs compagnons.

Prenant ses distances avec les mâles en crise (Shame) ou en souffrance (Twelve Years a Slave), le réalisateur oscarisé Steve McQueen n'a rien perdu, en revanche, de sa virtuosité dans cette adaptation d'une série britannique à succès des années 80. Son but, à vrai dire, n'est pas tant de brosser un Ocean's Eleven 100% féminin que d'évoquer la constitution d'un groupe dont les membres viennent de divers horizons. On retrouve par ailleurs des préoccupations qui lui sont chères lorsqu'il transpose ce récit dans un Chicago ultra-contemporain où ségrégation va de pair avec corruption politique.

McQueen prend également soin d'éviter tout manichéisme. Les crapules, ici, n'ont pas qu'une seule couleur de peau, et le brassage social peut faire autant d'étincelles que le melting-pot racial. Casting remarquable. Viola Davis, qui campe en quelque sorte la veuve en chef, rappelle parfois Nina Simone dont on entend d'ailleurs, dans le film, le mélancolique Wild is the Wind. Mais c'est surtout Elizabeth Debicki qui crève l'écran dans la peau d'Alice, l'immigrante polonaise hyper sexy et pas si dépourvue de jugeote qu'elle en a l'air.

Liam Neeson, Colin Farrell et Robert Duvall complètent le tableau. Rien qu'à mentionner leurs noms, on comprend que le réalisateur n'a pas bâclé ses personnages masculins, même s'il nous avait habitués à des œuvres plus ambitieuses.

Les Veuves, Steve McQueen (Sortie en salles ce mercredi 28 novembre)