Tous les hommes n'habitent pas le monde...
Une pilote d'hydravion, un codétenu sur un siège de toilettes, une exploitante art et essai ne jurant plus que par le cinéma porno, un pasteur danois ou encore Nanouk, la chienne bien-aimée... À l'instar de son titre à rallonge, le nouveau récit de Jean-Paul Dubois multiplie ambiances et espaces sans autre but, dirait-on, qu'un déploiement d'habileté romanesque. Il en faut plus pour un Goncourt, même si l'auteur, par ses réseaux, a su se hisser dans l'ultime short list du prestigieux prix littéraire.
En attendant, on peut sans désagrément s'attacher aux différentes strates tour à tour triviales, cocasses ou mélancoliques d'un passé compliqué. Anti-héros par excellence, Paul se souvient de ses espoirs et coups durs antérieurs au pétage de plombs qui l'a fait atterrir dans une cellule canadienne. Que c'est fragile, le bonheur ! Si délicate soit-elle, la prose de l'auteur ne délivre guère d'autres enseignements.
Reste une bienveillance de bon aloi et quelques passages moins anodins. "Je n'ai jamais su pourquoi elle avait prématurément quitté l'orchestre", écrit Jean-Paul Dubois lorsque la mère du narrateur décide de mettre fin à ses jours. On reste un peu sur notre faim, tout de même, avec ce sentiment mi-figue mi raisin qui ponctuait déjà l'avant-dernier opus de l'auteur, La Succession (2016). Ça remonte un peu, à présent, mais le kafkaïen Vous plaisantez, Monsieur Tanner et le viscéral Hommes entre eux captivaient bien davantage.
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon, Jean-Paul Dubois (Éditions de l'Olivier)