Samedi 28 décembre 2019 par Ralph Gambihler

Les deux Papes

Duel croustillant, bien qu'il relève de la pure fiction. Miné par le poids de sa charge et le soupçon d'imposture que les scandales du Vatican ont accentué, le coincé Benoît XVI convoque le futur Pape François comme s'il voulait mieux connaître son opposé, lequel ne jure que par l'église des pauvres. Une confidence explosive déjoue la confrontation attendue. Benoît XVI veut démissionner. "On a bien eu trois Papes en 1978", lâche-t-il. "C'est une blague !, s'exclame aussitôt son interlocuteur. Réponse de l'ex-cardinal Ratzinger: "Oui, une blague allemande. Elles n'ont pas besoin d'être drôles."

C'est un Brésilien, Fernando Meirelles (La Cité de Dieu, The Constant Gardener...), qui filme avec avec brio la prestigieuse chapelle Sixtine où se déroule une partie de cette joute... Un art de la distance qui vaut aussi pour le casting. Face à Jonathan Price en futur pape argentin, un autre Anglais fait des étincelles: l'ex-Hannibal Lecter du Silence des Agneaux, Anthony Hopkins, inénarrable de roublardise dans la peau du désabusé pontife allemand.

Délibérément modeste dans l'évocation des fractures du catholicisme contemporain (abus sexuels, rôle des femmes...), le propos se concentre sur la part d'ombre des deux protagonistes. Un long flash-back sur la dictature argentine et le rôle controversé à l'époque du Pape François en témoigne, mais c'est surtout sous les lambris dorés du Vatican que la mise en scène fait autant acte de virtuosité que d'émotion et de chaleur humaine.

Les deux Papes, Fernando Meirelles, sur Netflix depuis le 20 décembre.