Les Césars 2021 à la sauce Dupontel
À chaque soirée des Césars ses énormités. En maîtresse de cérémonie, Marina Foïs, comme Florence Foresti l'an passé, fut parfois efficace, souvent embarrassante. On était tout de même prêt à lui pardonner le deuxième adjectif avec ce cri du cœur: "Je suis vulgaire, mais sensible ". Revoir la troupe du Splendid 40 ans après avait aussi son charme même si "Les Bronzés sont à la retraite" était loin d'être leur meilleur sketch. On fut en revanche, et comme d'habitude, consterné par Louis Garrel et son sinistre hommage au scénariste Jean-Claude Carrière: "Le jour de sa mort, j’ai mangé son plat préféré : une brouillade aux asperges sauvages, en me disant, merde, mon ami est mort"...
Les morts, c'est mieux sans palabres. Avec Michel Piccoli, Jean-Loup Dabadie, Claude Brasseur et Jean-Pierre Bacri, l'émotion fut à nouveau au rendez-vous, même si Michael Lonsdale aurait lui aussi mérité un best of. Politiquement parlant, la soirée rua moins dans les brancards qu'Adèle Haenel l'an passé, et Roselyne Bachelot passa une soirée plus tranquille que prévu... dans les coulisses. La détresse d'un secteur sinistré par le COVID inspira à Marina Foïs une charge un peu lourde, certes (mais trop 2e degré pour être vraiment accueillie le poing levé...), mais les admonestations restèrent dans l'ensemble bien gentillettes, façon "Allez, Roselyne, bats toi un peu plus ! ". D'autres ministres de la Culture connurent des soirées bien plus inconfortables.
Le palmarès, enfin, tourna rapidement au cauchemar. Au gré des Césars techniques empochés par le film d'Albert Dupontel, Adieu les cons, on se préparait presque à sabrer le champagne au cas où le très frais mais quelque peu anecdotique Antoinette dans les Cévennes eut glané le trophée du meilleur film. Dommage pour Emmanuel Mouret et François Ozon. Bien qu'imparfaits, leurs films témoignaient au moins d'une véritable aura romanesque, et on a déjà bloggé il y a quelques jours sur Adolescentes de Sébastien Lifshitz. Voir un documentaire détrôner pour la première fois les fictions concurrentes relevait malheureusement de l'utopie.
Le dernier Dupontel, donc... Lui dans la peau d'un informaticien dépressif, Virginie Efira dans celle d'une coiffeuse condamnée par la médecine qui veut retrouver son fils abandonné sous X. Un scénario gloubi-boulga, du larmoyant à la pelle, le caricatural limite overdose (les flics qui braillent à la fin, c'est vraiment n'importe quoi...), des effets de mise en scène gesticulatoires et ringards enrobés dans un néo-populisme de bon aloi contre le "méchant" système. À y réfléchir, le film avait tout ce qu'il faut au final pour être adoubé par les Césars, surtout au gré de l'institutionnalisation croissante, ces dernières années, du phénomène Dupontel. Son dernier opus est pourtant bien plus con que ceux à qui il prétend dire adieu.
Césars 2021, Canal+, vendredi 12 mars 2021