Nos âmes d'enfants
Pâteux et mal réveillé, Joaquin Phoenix tente ici de faire bonne figure au côté d'un gamin qui crève l'écran bien plus que lui. L'un joue l'oncle, l'autre le neveu. Le premier est un journaliste de radio à l'ancienne qui passe son temps à questionner des ados au quatre coins de l'Amérique sur comment ils imaginent l'avenir. Le second, une sorte d'enfant terrible que sa mère doit momentément abandonner pour aller secourir un père mentalement souffreteux.
L'oncle pudique mais attentionné se retrouve ainsi du jour au lendemain en charge d'un môme qu'il va lui falloir apprivoiser. Dans la peau de cet enfant questionneur, mature et quelque peu manipulateur, le jeune Woody Norman fait des merveilles, mais en il faudrait plus pour transcender cette chronique familale un peu convenue signée du réalisateur américain Mike Mills, à qui on devait le pourtant honorable 20h Century Women.
La mise en scène, à vrai dire, confond le minimalisme et le répétitif, à l'image des coups de fils incessants entre Phoenix et la mère de l'enfant. Le noir et blanc arty qui enrobe l'ensemble n'est guère plus efficient, d'autant qu'il tend à gommer les différences entre les grandes villes américaines qui émaillent la partie road-trip du film, à savoir Detroit, Los Angeles, New York et La Nouvelle-Orléans.
Les scènes d'interviews avec les "vrais" jeunes sur leur vision de l'avenir, à défaut d'être renversantes par les propos tenus au micro, possèdent au moins un vernis d'authenticité qui rend encore plus factice la relation entre les deux principaux personnages de fiction. Ce n'est d'ailleurs pas sans émotion qu'on apprend au générique de fin que le film est dédié à l'un de ces interviewés, Devante Bryant, un jeune noir de 9 ans tué devant chez lui lors d'une fusillade à la Nouvelle-Orléans, peu de temps après la fin du tournage.
Nos âmes d'enfants, Mike Mills (Sortie en salles ce mercredi 26 janvier)