Hymne au soleil
Il feule sur du velours, la démarche encore plus gracieuse. Ainsi flâne le tigre d'eau douce cher à Laurent Bardainne. Depuis l'album Love is Everywhere sorti en 2020, on sait à quel point cette formation a permis au saxophoniste multi-pistes d'élargir son public au rythme d'un groove subrepticement torsadé, sans mouvements brusques et qui fait tellement du bien là où ça passe.
Cet Hymne au Soleil en hommage à une composition éponyme de Lili Boulanger en 1912 ne déroge pas à la règle: lignes mélodiques pulsant sans fioritures, refrains festifs ou africains non dénués d'introspection, synthés et funk onctueuse où vient se lover un sax ténor dont la sonorité cuivrée et glamour rappelle de plus en plus le Gato Barbieri d'une certaine époque... L'équipage est désormais rodé avec Arnaud Roulin aux claviers, Sylvain Daniel à la basse et le tandem Philippe Gleizes - Roger Raspail à la batterie et aux percussions.
Deux joyaux dans ce paysage de savane et de nirvanas, ou alors dans "l'immaculé doré d'un désert noyé de soleil ", comme l'écrit si bien Laurent Bardainne dans sa présentation de l'album: le si mélancolique Sarang illuminé par le solo d'Arnaud Roulin, et Verte Grenouille avec le concours enchanteresse, côté cœur et chœurs, de la fille du saxophoniste.
Cerise sur le gâteau, la voix grave et entêtante de Bertrand Belin sur la composition instrumentale qui ouvrait l'album et le referme sur une note animalo-poétique de toute beauté. Il y est notamment question d'un serpent qui rêvait d'être un oiseau... Le tigre d'eau douce essuie alors une petite larme.
Hymne au soleil, Laurent Bardainne & Tigre d'eau douce (Heavenly Sweetness). Laurent Bardainne sera l'invité de Jean-Charles Doukhan dans Deli Express, sur TSFJAZZ, ce mercredi 9 février entre 12h et 13h. Concert à la Cigale, à Paris, le 16 mars.