Dimanche 13 mars 2022 par Ralph Gambihler

L'affaire Alaska Sanders

D'abord cette science imparable du prénom et du nom pour désigner les jeunes proies de ses thrillers addictifs: vous avez aimé Nola Kellergan et Stéphanie Mailer, vous adorerez Alaska Sanders. Ensuite le tableau d'un célèbre peintre américain en couverture, comme dans La Vérité sur l'affaire Harry Quebert. Ici, une station d'essence pour pompiste esseulé, en pleine campagne, la nuit, sous une lumière à la fois naturelle et artificielle... Toujours aussi redoutable, l'axe Joël Dicker/Edward Hopper, lorsqu'il s'agit de planter le décor.

Le récit débute justement dans une station-service. C'est là où Alaska Sanders est aperçue pour la dernière fois avant d'être assassinée et dépecée par un ours au bord d'un lac. Macabre fin de partie pour une ex-Miss Nouvelle-Angleterre décidée à fuir Salem, la fameuse cité des sorcières au-dessus de Boston, afin de venir s'établir dans un bled paumé du New Hampshire. La suite, c'est une avalanche de rebondissements, de miroirs plus ou moins déformés pour comprendre qui était Alaska Sanders et de faux coupables à la pelle, condition sine qua non du crime parfait.

Le thriller parfait, lui, sollicite encore d'autres ingrédients, surtout lorsqu'on s'appelle Joël Dicker. Ainsi l'auteur suisse convoque-t-il autour de sa galerie de portraits façon Twin Peaks (Les lourds secrets derrière la pelouse rutilante...) quelques vieilles connaissances: Marcus Goldman en premier lieu, l'écrivain à succès de La vérité sur l'affaire Harry Quebert. 10 ans après l'assassinat de la jeune Alaska et alors que ce cher Harry lui veut visiblement toujours du bien, il refait l'enquête aux côtés du sergent africain-américain Perry Gahalowood avec lequel il avait déjà fait équipe après la mort de Nola Kellergan.

Valsant avec toujours autant d'habileté d'une époque à l'autre (1999 pour les derniers moments d'Alaska Sanders, 2010 de manière à faire réapparaître Marcus Goldman, son alter ego plus ou moins refoulé) comme c'était déjà le cas dans L'Enigme de la chambre 622Joël Dicker n'a rien perdu de son savoir-faire ni de ses questionnements d'écrvain à succès. Un vol de mouettes plane sur le récit. D'après Quebert lui-même, elles symbolisent la fainéantise littéraire. Comment se fait-il, dès lors, qu'elles continuent avec une telle maestria à inspirer les romanciers voyageurs ?

L'Affaire Alaska Sanders, Joël Dicker, éditions Rosie & Wolfe. L'auteur sera l'invité exceptionnel des Matins Jazz, sur TSFJAZZ, ce mardi 15 mars, entre 8h et 8h30