The Wrestler
Il parle trop près du micro, il ne se tient pas vraiment droit... En conférence de presse comme dans le film dont il tient la vedette, Mickey Rourke paraît encombré de son corps... Mais la classe est là, intacte, derrière la malice du regard, l'auto-ironie mordante et la formidable humilité, surtout, d'un comédien qui s'est retrouvé "grillé" sur les plateaux de cinéma à force de multiplier les comportements borderline...
Et aujourd'hui le voilà ressuscité ! Abîmé, certes, mais ressuscité, et tellement heureux des lauriers mille fois mérités qui lui sont tombés dessus depuis que "The Wrestler" a reçu le Lion d'or à Venise. Mickey Rourke est un peu lui-même dans ce film de Darren Aronofsky. mais vu sa trajectoire, ce n'est pas forcément un rôle très facile... Il joue donc Randy, un ancien champion de catch qui a connu la gloire dans les années 80, et pas seulement durant "neuf semaines et demi"...
On le retrouve quelques années plus tard, toujours sur le ring, mais de plus en plus cassé, usé, faisant comme si, un peu comme ces anciennes stars de la chanson qui survivent à coup de galas minables dans des supermarchés de province... Et en même temps, c'est sur le ring qu'il est le plus lui-même, Randy... Parce que même si les combats sont truqués, même si le corps s'esquinte dans les produits dopants, il existe encore une sorte de confrérie entre catcheurs... En revanche, quand il n'est plus sur le ring, The Wrestler (le catcheur, en français) est un homme seul. Sa fille ne veut plus le voir (au passage, c'est le seul personnage raté du film), il traîne dans les boîtes à strip-tease, et c'est d'ailleurs là qu'il fera la seule rencontre peut-être synonyme de rédemption pour lui, celle en l'occurrence d'une gogo danseuse plus toute jeune elle non plus et pareillement encombrée de son corps finalement, même si pour elle c'est dans un tout autre registre...
Caméra à l'épaule, pas très loin du coeur, Darren Aronofsky a filmé Mickey et sa stripteaseuse avec une rigueur d'écriture admirable... Ses scènes de combat, magistralement chorégraphiées, n'ont en même temps rien à voir avec Sylvester Stallone dans "Rocky"... On est plutôt du côté de Cassavetes et des fréres Dardenne dans ce très beau film rugueux, poignant, au plus près de l'humanité de ses personnages, au plus près, surtout, d'un Mickey Rourke qui, sans se forcer, et dans la grande lignée des Brando, James Dean, et autres Montgomery Clift, entre de plain-pied dans la légende des grands loosers du cinéma américain.
The Wretsler, de Darren Aronofsky (Sortie en salles le 18 février), coup de projecteur avec Mickey Rourke le 17 février sur TSF à 8h30, 11h30 et 16h30