Surveillance
On n'ose pas trop l'expression "découpé au scalpel" pour résumer le carnage qui sert de générique à "Surveillance", mais le fait est que Jennifer Lynch s'affiche d'emblée, comme la très "sage" fille de son père. Surtout lorsqu'elle zoome, au plan suivant, sur le visage hurlant et nocturne d'une femme poursuivie sur une route. Ce qu'on aime aussi chez David Lynch, et Jennifer elle a ça dans le sang, ce sont ces personnages faussement normaux, ces fêlures un peu poisseuses et autres déviances sexopathes qui distordent les physionomies les plus banales.
Tous ces ingrédients sont au service ici d' un excellent film de genre dans lequel deux agents du FBI tendance X-Files paraissent vouloir élucider plusieurs meurtres commis dans un bled reculé de l'espace américain en confrontant les récits de trois témoins différents: un policier un peu trop déglingué, une toxico un peu trop allumeuse, et une fillette un peu trop lucide... Qui ment ? Qui dit vrai ? La mise en scène se déploie "façon puzzle", bien au-delà du carnage initial, jusqu' à un dénouement spectaculaire qui malheureusement vire un peu au grand guignol. Mais le noeud de l'intrigue, après tout, n'est peut-être pas ce qu'il y a de plus essentiel...
Jennifer Lynch a surtout voulu s'amuser, semble t-il, avec les codes du thriller, et peut-être aussi avec ses propres codes ciné-génétiques... On aime bien tout cas ses ambiances, ses drôles de flics, ainsi que les tonalités très variées de sa mise en scène ( à chaque récit de témoin correspond un grain d'image particulier) ... Tout cela fait de "Surveillance" un "apéro-Lynch" à consommer sans modération, comme nous y invite traditionnellement l'éternel désert cinématographique des mois de juillet.
Surveillance, de Jennifer Lynch (Sortie en salles le 30 juillet)